James, dix-sept ans, glisse vers la marge. Depuis qu’il a tué des animaux et qu’il s’est auto-mutilé, il est devenu une énigme pour ses parents. Un jour, il fait mine de tomber amoureux d’Alyssa, pour voir, pour être un peu normal. Un matin, il décide qu’il ne fera pas de vieux os dans son patelin. Il frappe son père, lui pique sa voiture et prend la route avec Alyssa. Bien décidés à en finir avec l’adolescence, James et Alyssa s’offrent une cavale, insouciante, libre et pourtant ravageuse.
Depuis « Badlands » de Terrence Malick, chef d’oeuvre du cinéma des années 1970, le récit de fuite est devenu un motif incontournable de l’imaginaire américain. Dans « The End of The Fucking World », Charles Forsman s’empare avec beaucoup de brio de ce genre qu’il pousse loin. Très loin. Découpé en chapitre alternativement narrés par James et Alyssa, l’histoire s’enfonce progressivement dans la noirceur et l’irrémédiable. Forsman impose un rythme feuilletonesque, plus que probablement hérité de la forme originelle du récit paru sous la forme d’un fanzine. Dépouillé, presqu’en ligne claire, le découpage de l’auteur maintient à la fois distance (par rapport à certaines scènes particulièrement violente) et tension dramatique.
On découvre avec cet album estomaquant, un nouvel auteur de grand talent issu du vivier -décidément passionnant- de la bande dessinée alternative américaine. Une découverte que l’on doit à nouveau à L’employé du Moi, collectif belge à l’oeil perçant sur le continent US.
(par Morgan Di Salvia)
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