Un boulevard étoilé traverse de part en part cette colline qui domine Los Angeles. Là, se fabrique le kaléidoscope du 7ème art, une machine à conquérir le monde en lui racontant des belles histoires dans lesquelles les femmes ont l’air de pin-ups et les hommes de séduisants barbares. Mais plus est forte la lumière crue des spotlights, plus profonde est sa part d’ombre…
« On va où ? » demande l’inspecteur. « Hollywood… » lui répond son collègue sur un mode laconique. C’est cut, sobre comme un coup de revolver. On enquête sur un meurtre, évidemment ; le meurtre d’une star, naturellement ; avec derrière, une machination, forcément. Jalousie, stupre, violence, jeu de pouvoirs … Le récit est haché, efficace, classiquement hard boiled. Toute la tradition du roman noir s’inscrit dans ces dialogues aux effets rares. Le dessin de Lem favorise la tache d’encre. Les traits sont taillés à l’ébauchoir. C’est rude, âpre, pas gracieux pour un penny. Les couleurs sont au diapason : noir, marron, ocre, bistre, une partition de gris pour une œuvre au noir. Implacable, mais néanmoins impeccable.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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