S’il n’est pas évident, de prime abord, de se replonger dans l’intrigue de The Unwritten, tant les personnages sont nombreux et le contenu dense, oscillant entre enquête et aventure d’une part, mythe et littérature d’autre part, le jeu en vaut la chandelle. Tentaculaire puzzle dont les pièces s’imbriquent peu à peu, la série de Peter Gross et Mike Carey mêle étroitement le réel et la fiction, déclinant à foison références littéraires authentiques et constructions imaginaires créées pour les besoins de la fiction.
Et le vertige censé saisir le héros Tom, ainsi que ses comparses Savoy et Lizzie eux aussi pris dans le maelström des faux-semblants, gagne en retour le lecteur pris dans cette nébuleuse dont il doit également patiemment dénouer les fils. Et ça tombe bien puisque le tome 2 promet rapidement certaines explications autour de la sortie du quatorzième et ultime volume des aventures de Tommy Taylor, le jeune sorcier inventé par Wilson Taylor, à l’image même de son fils Tom.
Formidable de bout en bout, ce tome 2 de The Unwritten inscrit la série dans la lignée des grandes sagas telles que Fables. Outre une solide histoire qui progresse à coups de rebondissements inattendus (également du côté des antagonistes) et de révélations fracassantes, elle offre des expérimentations formelles en matière de narration, le tout inscrit dans une vision spéculaire de la littérature dans son ensemble. C’est fort et prenant à la fois.
On notera donc, afin d’allécher un potentiel futur lecteur, le retour à la maison de Lizzie, son sauvetage sous la forme d’un chapitre construit comme un livre dont vous êtes le héros ou encore, et surtout, le long développement autour du Moby Dick d’Herman Melville et la relecture du mythe de la baleine par Mike Carey : un morceau d’anthologie, à tous les sens du terme. Ou comment parvenir à créer soi-même un classique à partir, précisément, des classiques.
(par Aurélien Pigeat)
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