Qu’est-ce qui caractérise la programmation de Japan Expo en 2010 ?
Ce qui pèse lourd dans la programmation, c’est l’ensemble des invités que l’on fait venir cette année. Il y en a beaucoup plus qu’avant. On a essayé d’aller beaucoup plus loin que l’année dernière où l’on avait pourtant fait venir les Clamp. Cette année, on fait venir Tsukasa Hôjô qui est un auteur cultissime puisque qu’à peu près tout le monde, entre le dessin animé et le manga, doit connaître City Hunter (Nicky Larson) et Cast’s Eye.
Ensuite, nous avons développé le Comic Con. L’année dernière, on nous avait reproché de ne pas avoir assez d’auteurs de comics. Il y en a une quinzaine cette année. Autant pour Japan Expo, les gens viennent pour participer à des activités, autant pour le Comic Con, les gens étaient plus attachés à la présence d’auteurs et à la relation qu’ils peuvent avoir avec eux. L’année dernière, il y avait quelques auteurs de comics, mais ils étaient tous en dédicace payante. C’était une relation qui n’était pas trop appréciée par les fans de comics français. Du coup, on a réussi à faire en sorte que l’ensemble des auteurs de comics qui viennent acceptent de dédicacer gratuitement à l’image de ce que font les auteurs franco-belges.
Il y a plus de surface que l’année dernière ?
5.000 m² de plus, ce qui à l’échelle de l’ensemble du Festival (100.000 m²) n’est pas une progression forcément énorme. Mais on a complètement réorganisé l’événement. Ceux qui sont venus l’année dernière se souviennent d’un Hall 5 avec un Hall 4 un peu « couloir » et restreint où l’on avait installé un Comic Con pas assez mis en valeur. Cette année, nous n’avons plus de Hall 4 et on a pris le Hall 6 qui a une configuration qui ressemble à celle du Hall 5 et où l’on a pu développer le Comic Con de façon à ce que les gens puisse mieux identifier où ça se trouve et ce qui s’y passe.
Vous êtes à proprement parler un « Festival des loisirs japonais ». Quels sont, parmi ces loisirs, ceux qui remportent le plus de succès ces dernières années ?
Le pivot reste le manga, car c’est quand même ce qui est au cœur de l’activité de Japan Expo, avec les cultures traditionnelles qui gravitent autour. Dans les nouvelles thématiques que l’on a mises en place, ce sont la musique et la mode qui sont vraiment les deux tendances qui cartonnent aujourd’hui dans la pop culture. Les défilés sont combles et les salles de concert ne désemplissent pas alors que l’on fait quatre concerts par jour, ce qui est énorme dans une programmation où il y a plein de choses à faire en même temps. Elles sont reliées aux mangas d’une certaine manière car les Japonais sont très forts pour mettre les médias en relation. Tous les grands groupes de musique japonais ont joué un générique de dessin animé. Pour la mode, c’est pareil : on va retrouver les tenues à l’esprit manga que l’on voit dans les quartiers de Shibuya ou de Harajuku. Ce n’est pas la mode du quotidien, c’est de la mode de type « Lolita » ou gothique.
Dans sa présentation, le conseiller aux affaires commerciales de l’Ambassade du Japon à Paris, M. Kataoka, vous assimilait aux manifestations de la CoFesta, l’association des évènements internationaux japonais ! Il semble bien que vous ayez monté d’un cran dans l’estime des officiels japonais…
Oui, cela nous a à peu près autant surpris que vous. Je crois que nous nous inscrivons dans leur politique, mais nous ne faisons pas partie de l’association CoFesta à proprement parler. Cela nous fait plaisir évidemment. Cela prouve qu’ils sont très impliqués dans ce qui se passe chez nous. C’est vrai qu’ils apportent des contenus, des soutiens. Quand nous allons au Japon, ils nous permettent de toucher des gens que l’on avait du mal à toucher avant. Ils nous ont remis un prix, le Prix du Ministère des Affaires étrangères japonais qui a été un « ouvre-portes » incroyable car tout, au Japon, fonctionne par réseau. On s’inscrit dans leur logique. Nous sommes un point de convergence pour eux. C’est un honneur pour nous.
Vous annoncez pour 2011 l’arrivée d’un Japan Expo en Belgique, après le Chibi de Montreuil et le Japan Sud de Marseille. D’après les experts que nous avons consultés, ce n’est pas gagné d’avance…
Ce n’est pas parce que les mangas se vendent moins facilement en Belgique qu’il n’y a pas la place pour un événement. Il sera à la taille de ce que les gens veulent. On ne cherche pas, d’un coup d’un seul, à créer un événement énorme. Nous serons à Tours & Taxis [1], un espace qui n’est pas énorme. Nous nous sommes associés à un réseau de librairies, Slumberland, et on va essayer de faire en sorte que les gens qui viennent soient contents. Slumberland a la connaissance du marché et va nous aider à dimensionner l’événement de manière intelligente.
C’est un joint-venture ou une licence ?
C’est une licence mais dans laquelle nous nous investirons énormément. C’est vraiment un travail commun où on va les aider à mettre en place Japan Expo. De leur côté, ils sauront quoi faire pour le marché belge.
Chibi Japan à Montreuil se pérennise car il est « Chibi » [2]. Le but est de créer, juste avant les fêtes, un événement un peu plus « fan ». C’est pour nous un retour aux sources au début de Japan, quand c’était petit et qu’on pouvait traverser en 10 minutes. Japan Sud se développe tous les ans. On accueille de plus en plus de monde. On en est environ à 30.000 visiteurs qui, pour 80% d’entre eux, ne visitent pas Japan Expo en juillet. Il y a donc une vraie place pour un événement complémentaire qui leur évite de traverser toute la France.
L’étape suivante, ce sera quoi ?
Il y a d’autres pays en Europe…
Propos recueillis par Didier Pasamonik
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Japan Expo 2010 – 11e Impact & Comic Con France - Second Shot
Du 1er au 4 Juillet 2010
Parc des expositions de Villepinte (à quelques stations du centre de Paris, Ligne B du RER vers Aéroport Charles de Gaulle).
Inscriptions et tarifs : site Internet de l’événement.
[1] Le lieu où se déroule chaque année la Foire du Livre de Bruxelles. NDLR.
[2] Petit en japonais. NDLR.