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Thorgal repart pour une nouvelle saga

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 11 février 2013                      Lien  
Troisième spin-off de la série Thorgal, "La Jeunesse de Thorgal" aborde le passage à l'âge adulte de l'enfant des étoiles. Cette tentative de redonner une vigueur nouvelle à la série créée par Jean Van Hamme et Grzegorz Rosinski est formidablement réussie par le duo Yann & Surzhenko.

C’est un pari risqué mais en passe d’être réussi : comment renouveler une série forte de 33 volumes, tout en mettant en avant les personnages principaux de la saga ? Jean Van Hamme se retirant sur la pointe des pieds, laissa à Yves Sente le soin de poursuivre avec Rosinski la série régulière, tandis que le même Sente et le scénariste Yann s’employèrent à en développer les rhizomes avec deux nouveaux dessinateurs : l’Italien Giulio De Vita et le Russe Roman Surzhenko.

Thorgal repart pour une nouvelle saga
Tous les auteurs actuels de Thorgal et des Mondes de Thorgal dans l’exposition (encore en cours) de Versailles. De g. à dr. : Yann, Roman Surzhenko, Grzegorz Rosinski, Yves Sente & Giulio de Vita.
Photo DR - ©Le Lombard - Thorgal.com

Il est intéressant de comparer les dessins des trois dessinateurs : le Polonais Rosinski était issu d’une école de dessin académique telle qu’on l’enseignait dans les pays de l’Est avant la chute du mur. La référence était la grande peinture et le dessin louchait plutôt du côté de Géricault et de Goya que vers Hergé et Jacobs. Cela donna une approche naturaliste originale qui pouvait aborder crânement toutes les thématiques de cette saga fantastico-historique sans en référer aux maîtres belges, ni même américains. Le succès de cette série née dans l’hebdomadaire Tintin fut le premier de Jean Van Hamme qui connut ensuite la carrière que l’on sait.

35 ans et 29 albums plus tard, le scénariste belge passa le relais à son jeune collègue Yves Sente, longtemps son éditeur au Lombard. Celui-ci décida de déployer des spin-offs autour des personnages secondaires de la série : Kriss de Valnor, véritable Némésis du guerrier viking, et Louve, la propre fille de celui-ci. Deux personnages féminins, deux générations très différentes, qui éclairent le monde de Thorgal où se mêlent Fantastique et mythologie dans des entrelacs sophistiqués.

La Jeunesse de Thorgal T1 - Les Trois soeurs Minkelsönn - Par Yann & R. Surzhenko
©Le Lombard

Giulio de Vita, dont le dessin s’est forgé à l’école de l’éditeur Bonelli, véritable usine italienne de bande dessinée produisant en continu le western Tex ou les aventures fantastico-policières de Martin Mystère, sut parfaitement se fondre dans le moule du dessin de Rosinski, allant chercher son inspiration dans la grande peinture italienne. Sa Kriss de Valnor ne dépare pas la créature du dessinateur polonais. Il arrive en outre à approcher l’excellence des décors de son modèle.

Roman Surzhenko n’a pas son aisance mais son dessin est juste et l’invention de ses créatures : elfes, démons et dieux est simplement éblouissante. Si ses décors ne sont pas aussi fouillés que son compère italien, ils progressent néanmoins. Habitant le Nord-Caucase, le dessinateur russe n’est jamais aussi bon que dans l’évocation des paysages enneigés, comme dans cet album.

L’approche des trois scénaristes appelle aussi à la comparaison. Chez Van Hamme, le scénario repose très souvent sur des schémas simples où les personnages sont mis en relief par les situations. Le dessin de Rosinski arrive à les transcender avec un lyrisme qui tranche avec les autres séries du Tycoon du scénario belge.

Chez Sente, nous sommes dans une mécanique plus laborieuse, minutieusement orchestrée, qui s’inspire bien évidemment du savoir-faire de Van Hamme dont il est sans conteste un disciple. Cela donne parfois des séquences moins inspirées compensées par une organisation sans faille.

La Jeunesse de Thorgal T1 - Les Trois soeurs Minkelsönn - Par Yann & R. Surzhenko
©Le Lombard

Cette qualité manquait souvent à Yann. D’où le caractère parfois superficiel de ses séries, même les plus populaires, dont il compensait la légèreté par une multitude de clins d’œil appuyés et de références sophistiquées. Ici, le belgo-marseillais n’échappe pas à la nécessité d’organiser le récit d’une manière quasi-hitchcockienne, et cela lui réussit ! Ce premier tome saisit le lecteur dès la première page, mettant le jeune Thorgal immédiatement en situation, on le découvre dans un emploi de scalde, c’est à dire de poète. Confronté aux Dieux, l’enfant des étoiles découvre peu à peu la nature particulière de ses dons, tandis que, chemin faisant, il s’initie aux sortilèges de la vie et de l’amour.

Même si l’on est interloqué par la constitution aussi massive d’un ensemble qui aligne quatre séries de front (mais l’éditeur nous promet à l’avenir une parution régulière plus espacée et plus équilibrée), on est cependant ravi de ce déploiement qui fait de la série Thorgal un incontournable de la production actuelle.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Rappelons que Thorgal et Rosinski font l’objet d’une exposition rétrospective à Versailles : Rosinki à Versailles
Du samedi 26 janvier au dimanche 24 février 2013.

De 14h00 à 18h30 en semaine

De 11h00 à 19h00 le week-end

Entrée Libre

Visites pédagogiques de l’exposition. Renseignements : +33130978517

Le site de la série

 
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6 Messages :
  • Thorgal repart pour une nouvelle saga
    11 février 2013 11:06, par Pierre

    Il ne faut pas s’étonner que les auteurs français se retrouvent dans le camp des travailleurs pauvres, la faute à tous ces spinoff dessinés dans les pays de l’est. Les artistes aussi sont victimes de la délocalisation. Produire à moindre coût est un classique de la gestion d’entreprise.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Mister Plouf le 11 février 2013 à  12:42 :

      Les dessinateurs des pays de l’Est ne sont pas moins bien payés. Ils sont payés en fonction de leur talent et de leur sérieux. Quand un dessinateur français passe la moitié de son temps sur ActuaBD ou sur des forums à la con à se plaindre de son sort et le reste de son temps à bacler des planches approximatives, le dessinateur des pays de l’Est tombe sans sourciller des planches super chiadées. Y a qu’à comparer une planche de Rosinski à ce que produit la majorité des dessinateurs français. Y a pas photo. Et Rosinski est mieux payé que le dessinateur lamba français et c’est mérité.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Yaneck Chareyre le 11 février 2013 à  15:02 :

        Comparer Rosinski et un dessinateur lambda, ça n’a aucun sens et ça fausse toute votre petite démonstration.

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    • Répondu par Michel Krzotowiefski le 11 février 2013 à  16:00 :

      Vous avez tout à fait raison.
      Pour avoir déjà acheté des planches originales à des auteurs tchèques, mais édités en France, pour eux vendre 250 euros une planche c’est énorme.
      Alors que n’importe quel auteur débutant en France ne s’en contenterait pas.
      Le coût de la vie dans ces pays n’est pas le même !

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      • Répondu par Pirlouit ! le 12 février 2013 à  20:10 :

        C’est sûr ! Le niveau de vie en Tchèquie n’est pas le même qu’en France (30 à 50 % de moins ?), et surtout, il y a là-bas moins de fans collectionneurs. Est ce une raison pour aller garnir votre collection à bas prix ? Seriez vous un vil spéculateur amateur de plus-values faciles ?

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    • Répondu le 13 février 2013 à  11:08 :

      C’est vrai que Giulio de Vita et Yann ont de sacrés trognes de plombiers polonais !
      Ce genre de discours sent son racisme larvé...

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