M. Bienvenu Mbutu Mondondo s’en doutait. La dernière fois que nous l’avions rencontré, le 8 décembre 2010 au Salon de la bande dessinée africaine à Paris, il nous confiait qu’il ne pensait pas qu’une cour bruxelloise serait capable de contrarier l’opinion belge : Tintin est une institution dans le Plat Pays. Et d’envisager déjà un recours auprès la Cour européenne de justice.
Soutenu par le CRAN, M. Bienvenu Mbutu Mondondo pensait s’appuyer sur la loi belge de 1981 destiné à réprimer certains actes racistes et xénophobes (une sorte d’antécédent belge à la Loi Gayssot) pour obtenir l’interdiction de l’album d’Hergé. Après un premier jugement en première instance défavorable pour le plaignant, la Cour d’appel de Bruxelles en a décidé autrement. Dans ses attendus, elle souligna justement qu’Hergé ne "pouvait avoir en 1930 le même état d’esprit que celui qui allait inspirer, un demi-siècle plus tard, la loi de 1981."
La Cour a eu cet autre argument : "Hergé s’est borné à réaliser une œuvre de fiction dans le seul but de divertir ses lecteurs. Il y pratique un humour candide et gentil." Bon, là nous ne sommes pas obligés de la suivre : après tout, Hergé lui-même concéda au micro d’Apostrophes qu’il travaillait alors dans un journal conservateur (il dit même : d’extrême droite) qui véhiculait les idées racistes les plus ordinaires, le Congo étant alors une colonie belge. Tintin au Congo est un à n’en pas douter un excellent outil de propagande coloniale.
Mais aujourd’hui, la République du Congo est un pays indépendant et chaque parent qui achète l’album pour son enfant -surtout s’il est africain- peut prendre en compte le caractère daté de son histoire. L’intention raciste ne peut donc être véritablement établie.
Alors, fin de partie ? Pas sûr car, au niveau européen, le tribunal trouvera peut-être moins d’excuses au passé colonial belge.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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