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Tintin et le mythe du surenfant - Apostolidès - Casterman

Par Patrick Albray le 15 janvier 2004                      Lien  
Tintin est, incontestablement, un cas unique dans l'histoire de la bande dessinée belge. Le seul à avoir atteint le statut de mythe. Pourquoi? Et pourquoi lui? Chaque spécialiste y va de son explication. Jean-Marie Apostolidès, dans ce court essai, apporte sa pierre à l'édifice hergéphilesque.

La bande dessinée belge ne manque pas de séries de haute qualité, créées par des auteurs de grand talent. Mais seul Hergé semble avoir réussi à concevoir un univers capable de franchir les frontières et de résister à l’usure du temps.

Prenez Franquin, par exemple. Un créateur immense, un dessinateur époustouflant, un humoriste d’une force et d’une efficacité rares. Et l’univers qu’il a créé autour du personnage de Gaston Lagaffe au long de près d’un millier de planches est d’une telle richesse que l’on pouvait s’attendre à ce que naisse autour de lui une émulation comparable à celle qu’a entraînée Tintin après la disparition d’Hergé. Mais non. Sept ans après sa disparition, on ne parle pratiquement pas de Franquin. Pas de livres de passionnés. Pas de traités de lagaffophilie. Pas d’expositions. Pas de projets de musée. Pas de fondation pour protéger son oeuvre et an assurer le développement. Et le 80e anniversaire de sa naissance est passé complètement inaperçu en ce début janvier.

Qu’est-ce qui fait qu’Hergé ait réussi là où tous ses confrères ont échoué ? Jean-Marie Apostolidès l’explique par un mythe qu’il crée de toutes pièces, celui du surenfant. Un enfant qui en serait encore un tout en agissant avec des valeurs du monde adlute. "Tintin est un adolescent qui, sans jamais entrer dans l’âge adulte, rajeunit le monde en se confrontant à lui. Au lieu que le personnage se soumette passivement au monde adulte, s’intègre dans une histoire, vieillisse et meure, c’est l’univers extérieur qui se fige dans le temps au contact du héros. Grâce à Tintin, ni Tournesol, ni Haddock, ni Rastapopoulos, la Castafiore ou les Dupondt (et ni l’esprit de ses lecteurs, ndlr) ne subissent les injures du temps."

Pour définir son mythe, Apostolidès puise dans la littérature populaire, faisant le parallèle entre Tintin et Rouletabille, et dans l’oeuvre parallèle d’Hergé, analysant longuement le contenu des albums de "Jo et Zette". Mais l’exercice intellectuel est parfois laborieux, l’auteur sautant du coq à l’âne, multipliant les disgressions et égarant vite son lecteur. Et, comme avec son précédent livre, "Les métamorphoses de Tintin", on se dit que si les idées sont sans doute bonnes, il y a certainement des manières plus claires de les expliquer et de les faire partager au lecteur. Et la clarté n’est pas, il faut le reconnaître, la principale qualité de Jean-Marie Apostolidès. Ce qui est paradoxal lorsqu’on parle d’une oeuvre comme celle d’Hergé !

(par Patrick Albray)

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