Des centaines de journalistes se pressaient ce matin à l’UGC Normandie aux Champs Élysées. Tout le monde était là, le ban et l’arrière-ban de la critique de cinéma, quelques personnalités de la BD également : Albert Algoud, Benoît Peeters, hergéologues patentés, Gilles Ciment, le directeur général de la Cité de la bande dessinée d’Angoulême…
Comme de bien entendu, chacun de vos pas était accompagné par un Men In Black s’assurant que vous n’aviez avec vous aucun appareil photo ou smartphone susceptible de pirater le film. Dans la salle, les services de sécurité vous fliquaient ostentatoirement prêts à se jeter sur le premier contrevenant venu.
Vient le film. Il est inspiré du Secret de la Licorne mais, comme Spielberg voulait y introduire le Capitaine Haddock et La Castafiore, il a rapproché ce récit du Crabe aux pinces d’or. L’histoire démarre dans un pays qui est un mix entre l’Angleterre et la Belgique. Si, comme dans l’album, la séquence inaugurale se passe sur une sorte de Place du jeu de balle à Bruxelles, le Château de Moulinsart a des airs de manoir anglais...
Dès le premier dialogue, Spielberg donne le ton : il s’agit d’un échange entre Tintin et… Hergé son créateur. Celui-ci est caricaturiste de rue et fait le portrait de Tintin. Le rendu est de la Ligne claire et fait passer subtilement le spectateur de la 2D à la 3D.
À partir de ce moment là, le scénario s’emballe. Sans temps mort, pendant une heure quarante-sept, le spectateur a peine à reprendre son souffle. Les cascades se multiplient et Milou en particulier joue un rôle très important. Les scènes de combat entre Le Chevalier de Hadoque et Rackham le Rouge sont époustouflantes.
Nous ne suivons pas ici servilement l’album d’origine, même si la trame est globalement préservée. Les scénaristes (Steven Moffat, Edgar Wright et Joe Cornish) n’ont pas été fainéants : ils ont chaque fois retravaillé les séquences, améliorant l’intrigue là où elle était convenue, marquant intelligemment les transitions, offrant au jeu d’acteur toute la plénitude du rôle.
Il n’y a pas à dire, Steven Spielberg assure le spectacle et il ne se trompe pas de cible : les 7 à 77 ans y trouveront leur compte. L’univers d’Hergé n’est pas trahi et le nombre de références à la BD (on y voit Le Petit Vingtième, Tintin habite bien au N°26,…) montre que le fan n’est en aucun cas méprisé, que du contraire.
Si les Dupondt (Nick Frost & Simon Pegg) semblent un peu mous, Tintin (Jamie Bell), le Capitaine Haddock (Andy Serkis), Rackham le rouge (Daniel Craig) ou Allan (Daniel Mays) collent parfaitement à l’esprit original dans un récit qui invite à l’évidence à relire ces grands classiques de l’enfance.
Bravo, monsieur Spielberg !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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