Dézingueur de première catégorie lorsqu’il s’illustre dans la presse, brillant co-scénariste de Denis Robert pour L’Affaire des affaires, Lindingre continue ici en bande dessinée son exploration méthodique des us et coutumes du « Raclot », bistrot peu ragoûtant mais ô combien attachant. C’est qu’au fil des pages, on a fini par s’attacher à cette clientèle d’assoiffés.
La légende raconte que ce troisième album aurait dû s’appeler Titine au Congo et se pencher sur les enfants cachés d’un célèbre reporter belge. Vestige de ce projet, l’épisode Titine au Potocombo vaut son pesant d’or. Lauréats d’un concours, Titine et Bouffy s’envolent pour des vacances « tout gratis » en Afrique, qui vont rapidement dégénérer en prise d’otages au bord de la piscine d’un complexe hôtelier.
L’occasion pour Lindingre d’égratigner la beaufitude ambiante de ce style de tourisme, et d’en rire jaune. Fascinants de laideur, les personnages porcins créent un malaise immédiat qui divise les amateurs et les détracteurs depuis le premier album de l’auteur lorrain. Qu’à cela ne tienne, Lindingre approfondit encore un peu plus son portrait chantant et politiquement incorrect de la vie de bistrot.
Les fans de la série l’ont compris depuis longtemps : si l’auteur se moque de ces personnages, c’est aussi parce qu’il les aime. Après tout, l’émission télévisée Strip Tease de Jean Libon et Marco Lamensch ne suivait pas une autre ligne…
Bonne cuvée 2009 donc pour Yan Lindingre, qui, après une adaptation théâtrale de son album Titine à Charleroi, se voit mis à l’honneur par une exposition de dessins à Albi.
(par Morgan Di Salvia)
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