Tous commence par une sphère lâchée sur Terre par une entité dont la nature est aussi énigmatique que l’objet qu’elle a lancé. S’agit-il d’un dieu ? Si cette question ne trouve aucune réponse dans ce premier tome, son dessein est toutefois en partie explicité : l’observation.
Quant à la sphère, qui se révèle être tout sauf ordinaire, la voilà qu’elle s’anime au contact de son nouvel environnement. Par un processus de mimétisme, elle prend la forme des éléments l’entourant. D’abord pierre, puis mousse, son évolution l’amène finalement à l’état de loup. C’est sous cette forme que la créature croisera la route d’un jeune garçon vivant dans un village abandonné de ses habitants.
Dès lors, la « chose », qui se voit attribuée un nom, sera confrontée à un monde dont elle ignore tout. Elle découvrira le plaisir de manger, le danger du feu, la chaleur de l’affection et tout ce qui détermine la vie, mais aussi la mort.
Yoshitoki Oima n’a pas fini de nous surprendre. Après la série A Silent Voice, plébiscitée pour l’originalité de son scénario, la jeune mangaka revient cette fois avec un nouvel opus troublant et poétique où les questions de la mémoire, de l’individualité et du rapport à l’autre sont mises en avant. Pas de tabous dans ce manga profond : la vie et la mort y sont également abordées mais de façon crue, sans artifice.
La poésie est aussi présente grâce au trait de l’auteur, délicat et soigné, qui permet de donner littéralement vie aux émotions des personnages. Le récit est servi par une mise en page maîtrisée et intelligente, rendant la lecture fluide et agréable. Un titre captivant qui confirme que Yoshitoki Oima est l’une des auteures les plus brillantes de sa génération.
(par Tahani Biernat)
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