Arpentant Shinjuku, le quartier des plaisirs, Yoshimune Miyake et Eiijiro Aoki y cherchent la matière pour leur prochaine publication. L’un écrivain et l’autre éditeur s’entendent pour lancer une revue mêlant littérature et pornographie. La mode est en train d’émerger dans le Japon des années 1920, malgré une surveillance des autorités qui viendra entraver leur entreprise.
En attendant, les deux compères nous entrainent de lieux en lieux pour découvrir ce que Tokyo et ses environs ont à offrir en matière de libération des mœurs et des discours sur la sexualité. S’entremêlent alors rapidement amour et humour, romance et politique, avec en toile de fond une société en pleine mutation alors que se dessine peu à peu l’horizon de la Seconde Guerre mondiale.
Kan Takahama, dont Le Dernier Envol du Papillon nous avait déjà séduit, nous semble faire mieux encore avec ce titre qui propose une histoire remarquablement construite et documentée, menée et réalisée avec talent. Sans tabou dans le propos ou le dessin, mais sans non plus verser dans le graveleux, Tokyo, amour et libertés aborde avec justesse et sensibilité le jeu entre sexualité et sentiments ainsi que la question de la place que parviennent à se ménager femmes, jeunes, intellectuels et marginaux dans une société perçue comme rigide et corsetée.
Drôle, gentiment émoustillant, touchant et savant à la fois, ce volume constitue l’une des bonnes surprises de cette fin d’année, Glénat lui accordant même une belle édition, avec pages couleur et format augmenté : de quoi rendre justice au trait fin et élégant de la mangaka.
(par Aurélien Pigeat)
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Tokyo, amour et libertés. Par Kan Takahama. Traduction Yohan Leclerc. Glénat, collection Seinen. Sortie le 20 septembre 2017. 164 pages. 10,75 euros.
Du même auteur, lire la chronique de Le Dernier Envol du Papillon.