Topaze, un jeune instituteur, enseigne à la pension Muche. Intègre, plein d’illusions et de fougue mais aussi très emprunté, il n’est pas insensible aux charmes de la belle Ernestine, la fille du directeur ! Celle-ci en profite d’ailleurs pour lui faire corriger ses copies ! Fidèle à l’esprit des « hussards de la république », le jeune homme va jusqu’à donner des cours gratuits aux élèves en difficulté, ce qui contrarie les intentions très vénales du directeur.
Honnête, timide et ...très naïf, le jeune enseignant découvre peu à peu un monde pas aussi vertueux qu’il l’imagine. Alors qu’Ernestine profite de sa gentillesse, le jeune homme se retrouve licencié par Monsieur Muche, ce dernier ayant eu connaissance de ses sentiments pour sa fille. Pour cela, le directeur prend prétexte du refus de Topaze de modifier le carnet de notes du rejeton de la Baronne Pitart-Vergniolles. Licencié, le jeune instituteur va devoir rechercher du travail. Il entre bietôt au service de Suzy Courtois, la maîtresse d’un conseiller municipal véreux....
Nous avons déjà évoqué le travail entrepris par la maison Bamboo pour faire revivre l’œuvre de Marcel Pagnol en bande dessinée. Une ambition qui, bien qu’un peu opportuniste (l’écrivain aurait 120 ans aujourd’hui !) s’avère fort convaincante. Après La Gloire de mon père et Merlusse, l’occasion nous est aujourd’hui donnée de relire (ou de découvrir) Topaze, œuvre peut-être moins populaire mais immortalisée au cinéma par l’acteur Fernandel puisque Pagnol ne s’est pas privé d’adapter ses livres pour le grand écran avec, à l’époque, un certain succès.
Les deux scénaristes Serge Scotto (descendant du musicien, ami et complice de l’écrivain) et Éric Stoffel (Arvandor, Vent d’Ouest) ont scindé en deux chapitres cette chronique de l’amoralité d’une petite bourgeoisie méridionale. Fins connaisseurs de l’univers de l’académicien, ils sont parvenus à restituer fidèlement l’esprit et la lettre de l’original. Les dialogues qui, pourraient sembler désuets voire datés pour séduire le lecteur d’aujourd’hui, s’accordent parfaitement au style semi-réaliste d’Eric Hübsch (Les Chants d’Excalibur, Soleil). Le texte abondant, souvent truculent, servi par le graphisme soigné et appliqué du dessinateur, restitue avec fraicheur toute la sensibilité de l’univers de Topaze.
On perçoit très vite l’humour et la tendresse avec lesquels sont traités la plupart des personnages de cette histoire qui garde finalement une grande modernité. Les ambiances doucement colorées, très méridionales de Sandrine Cordurié ne font que renforcer cette impression de fidélité et de respect de l’œuvre originale revendiquées par les auteurs et l’éditeur.
La suite et la fin de ce conte cynique et ironique est attendue pour la fin de l’année.
(par Patrice Gentilhomme)
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