Fortement inspiré par le manga indépendant, le roman graphique de Quintanilha fait figure d’exercice de style. C’est noir, violent, très dialogué, et les scènes s’étirent à volonté, abusant de gros plans grimaçants.
L’énergie déployée par les personnages s’apparente à un jeu pathétique pour garder la face, et les personnages n’ont jamais le beau rôle. Si le style assez lourd de l’auteur peut agacer, sa vision d’une forme de désespoir inexorable possède une force certaine. Et sa construction dramatique maintient une dynamique qui ne s’essouffle pas durant ces 180 pages.
Des choix formels qui peuvent séduire, mais ces approximations psychologiques empêchent le récit de gagner en profondeur. Un regret qui s’appuie notamment sur le traitement du personnage de Keira, femme humiliée et victime consentante, cantonnée à sa figure sacrificielle. Même si l’auteur manifeste une grande tendresse à son égard, tout comme pour Caju, délinquant de seconde zone englué dans ses relations toxiques.
(par David TAUGIS)
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