Le tome 0 d’Übel Blatt, en forme de prologue, nous présentait Köinzell et sa motivation fondamentale : la vengeance. Autrefois vaillant combattant au service de l’empereur, membre d’une expédition partie combattre l’armée de Wischtech, il a vu sa vie brisée. Comme trois autres chevaliers qui avaient triomphé de l’ennemi, il a été taillé en pièces par les prétendus "Sept héros", en réalité des couards revenus au pays en se présentant comme les vainqueurs et en diffamant les véritables héros, surnommés depuis "lances de la trahison".
Mais l’un d’eux, Ascheriit, a survécu en prenant l’enveloppe charnelle d’un semi-elfe. Devenu Köinzell, il est de retour, sillonnant l’Empire pour tuer l’un après l’autre les sept imposteurs qui règnent sur ses provinces. Le problème, c’est qu’il est resté le même : noble, courageux, profondément altruiste… Par conséquent, il perd du temps à combattre en chemin les injustices qui le révoltent ; et surtout, un petit groupe de fidèles s’est constitué qui, bien que dévoué, le gêne par son inexpérience.
Ajoutez à cela que le peuple de l’Empire vénère les "Sept héros", leur attribuant la paix dont il jouit depuis 20 ans, et déteste le "rebelle tueur de héros" dont il ignore qu’il fut parmi ses véritables sauveurs… Autant d’obstacles contre lesquels Köinzell se bat dans ce volume où, ayant déjà tué le premier héros, il se dirige vers le château du deuxième.
La brillante mécanique scénaristique d’Übel Blatt trouve ici l’un de ses sommets, puisque l’on s’attache de plus en plus à ce héros torturé, dont la vie, qui promettait d’être utile à tous, a été brisée en plein élan ; mais aussi à certains de ses adversaires, qui combattent avec bravoure pour la paix de l’Empire. Dans chaque camp donc, des personnages positifs, dignes d’admiration, et des tourments moraux insondables. Les scènes de combat, impressionnantes, s’enrichissent ainsi d’une belle profondeur psychologique. Ajoutez à cela un graphisme de grande qualité, et vous obtenez une série incontournable !
(par Arnaud Claes (L’Agence BD))
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