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Uchronie[s] : La deuxième vague

Par Charles-Louis Detournay le 14 avril 2009                      Lien  
Même temps, mêmes personnages, (même histoire ?), mais réalités différentes. Avec les sorties des tomes 2 de {New Byzance, New Harlem} et {New York, Uchronie[s]} gagne ses lettres de noblesse sur le terrain de la science-fiction.

Ainsi que nous l’exposions l’année dernière, les séries multiples d’Uchronie[s] tiennent toutes leurs promesses. Avec les dernières sorties de New Byzance T2 et New Harlem T2, le dense puzzle d’Éric Corbeyran est en train de se former sous nos yeux.

Uchronie[s] : La deuxième vague
Le sixième tome, à paraître fin mai

De prime abord, ce qui saute aux yeux, c’est le très beau travail de couvertures de Richard Guérineau : mis-à-part chaque New York (l’occasion de distinguer cette réalité comme différente ou plus proche de la nôtre par rapport aux deux autres), il applique une unité triangulaire avec des personnages qui toisent le lecteur, semblant les défier de percer leurs secrets. On sait comme ces séries multi-dessinateurs tentent de faire front commun en utilisant un auteur hors compétition pour lisser leurs différences, mais si c’est la réussite pour certaines séries comme le Triangle Secret, on peut aussi parfois boire le bouillon, comme cela a été le cas pour Voyageur, par exemple.


La sortie de ces deux albums marque également un tournant décisif dans la série. Nous passons ainsi le cap de la moitié des 10 tomes prévus, et (heureusement), on commence à très bien percevoir les différents fils de l’intrigue, mais également ce qui va les unir. À la lecture unique des trois premiers tomes, en dépit des références et les scènes communes liaient irrémédiablement les trois récits, il n’y avait pas (encore) de passage possible de l’un à l’autre. Or, avec les 5 albums sortis actuellement, on peut déjà retracer le voyage spatio-temporel du scientifique, père de Zack, qui passe de l’un à l’autre, accompagné partiellement par Tia. Si les univers de New Harlem ou de New York paraissaient parfois un peu fades face au superbe New Byzance, cette intervention ’extérieure’ rajoute un ingrédient bienvenu qui captive le lecteur, laissant ouvertes bien des portes jusqu’à la conclusion finale.

Pas toujours facile de reconnaître les personnages principaux d’une série à l’autre ! (New Harlem, T2, pl. 3)

En dépassant l’aspect fantastique du récit, on apprécie les potentiels tournants de l’Histoire que Corbeyran nous présente : un trimestre d’attentats fomentés par Al-Qaïda aurait pu renverser la civilisation dite occidentale, et si c’était Martin Luther King qui avait vaincu Nixon aux présidentielles américaines de 1960, prenant la place de JFK jusqu’à l’attentat de Dallas, un raz-de-marée de solidarité aurait pu porter le Black Panther George Jackson jusqu’à la Maison Blanche, créant ainsi cette société inversant la primauté des races. À la lecture de ces supputations, on se prend au jeu, tout en laissant vagabonder ses pensées sur les remous et possibles changements radicaux de notre Histoire. Un régal !

Côté dessins, il faudrait vraiment pinailler pour ne pas tomber sous le charme des personnages et des décors byzantins d’Éric Chabbert. New Byzance précédant à chaque fois la sortie des deux autres albums, il porte vraiment la série, et un faux pas de sa part serait dommageable pour tous. Mais c’est loin d’être le cas ! Épaulé par les superbes couleurs de Lucas Malisan & Paolo Francescutto, c’est un réel plaisir de s’enfoncer dans les rouages de l’Utopie Fondamentaliste.

De son côté, Tibéry commet encore quelques erreurs de jeunesse sur New Harlem T2, comme ce défaut flagrant de perspective en page 43. Mais l’intrigue est suffisamment soutenue pour qu’on en fasse abstraction. Pourtant un grain de sable vient parfois gripper cette belle machine : les personnages passant d’une série à l’autre opèrent parfois des changements physiques déstabilisants sous le crayon des différents dessinateurs.

Quoiqu’il en soit, le concept et le scénario d’ Uchronie[s] demeurent d’une très grande qualité et cela rattrape les quelques défauts, somme toute bien normaux dans ce type de jeu d’équilibriste. Bien entendu, nous attendons impatiemment la prochaine parution (fin mai) de New York T2 pour voir l’intrigue s’épaissir dans la réalité actuellement la plus lente des trois Uchronie[s].

(par Charles-Louis Detournay)

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Lire les premières pages du deuxième tome de New Byzance sur le site de notre partenaire France Télévisions.
Les interviews d’Eric Chabbert : en vidéo ou par écrit.

Illustrations : ©Chabbert/Corbeyran/Glénat et ©Tibéry/Corbeyran/Glénat.
Couvertures : ©Guérineau/Corbeyran/Glénat

 
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