Impatiente de reprendre le travail après son accouchement, Claire embauche une nounou pour sa fille. Hervé, papa comblé, se montre moins enthousiaste. Une fois à la maison, Udama, d’origine malienne, satisfait tout le monde, mais constate les retards de Claire le soir, accaparée par son travail. Quant à Hervé, il se montre vite en manque d’affection, voire plus. Et tandis qu’Udama s’interroge sur ce couple au bord du précipice et se demande comment garder sa dignité, le quotidien s’alourdit de jour en jour autour des frustrations croisées.
Allemande installée à Saint-Etienne, Zelba signe une quasi-farce sociale parfaitement crédible. Bourgeois hypocrites et presque veules, Claire et Hervé sont prêt à toute sorte d’arrangement pour assouvir leurs désirs mesquins et sauver les apparences. A moins qu’au fond de leur esprit, ils aient l’impression de sortir leur nounou d’une grande misère, voire de l’illégalité ? Sans aborder de front la question des clandestins, l’auteure dévoile dans son intrigue une vie de colocation misérable vécue par Udama et sa cousine, entourées de leurs propres enfants.
Dans ce parcours humain où la domination se retourne, Zelba trace un portrait plein de force, doublé d’un récit initiatique. En quelques jours, Udama trouvera les moyens de s’adapter à une culture du compromis et du règne de l’intérêt personnel. Passant du statut de quasi-exploitée à celui de quasi-maître-chanteuse. Au bout du compte, son attitude allie bon sens et esprit de survie, tandis que ses employeurs restent prisonniers de leurs désirs.
Avec un graphisme précis et élégant qui peut rappeler Stassen, Zelba offre à cette histoire convaincante une construction efficace, avec des chapitres aérés. Et le sous-titre (Chez ces gens-là) vient rappeler la chanson de Brel et ses terribles commentaires autour d’une famille elle aussi dans une forme de misère pathétique.
(par David TAUGIS)
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