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"Ulysse" version Sixties : entre science-fiction et sensualité - Par Lob et Pichard - Glénat

Par Lise LAMARCHE le 25 mai 2018                      Lien  
Après la Guerre de Troie et ses dix années de combat, Ulysse embarque pour retrouver sa bien-aimée Pénélope. Mais le héros grec est le jouet des Dieux de l'Olympe. Ils décident de faire de son retour à Ithaque un périple qui durera dix années de plus, pour leur plus grand divertissement et celui des lecteurs. Cette adaptation sensuelle est rééditée 50 ans après par Glénat dans la collection 1000 Feuilles.

L’Odyssée a donné naissance à de multiples reprises, comme la transposition du mythe en space opera avec le film d’animation Ulysse 31 dans les années 1980, ou plus récemment la version humoristique et décalée de Soledad Bravi et l’adaptation moderne d’Emmanuel Lepage dans Les Voyages d’Ulysse pour n’en citer que quelques-unes.

L’aventure racontée par Jacques Lob et Georges Pichard parut à l’origine dans les pages de Charlie Mensuel à la fin des années 1960. La saveur de cette adaptation tient au respect du texte d’Homère, savamment mêlé de science-fiction rétro, mis en regard avec le graphisme libertin et psychédélique de Pichard.

"Ulysse" version Sixties : entre science-fiction et sensualité - Par Lob et Pichard - Glénat
Ulysse jouet des Dieux - par Lob et Pichard - Glénat
Le cyclope Polyphème - Par Lob et Pichard - Glénat

On retrouve les grands chapitres qui ponctuent le périple, revisités avec humour et sensualité. Homère, reporter de guerre, embarque avec Ulysse après avoir couvert la guerre de Troie. Il est témoin de l’orage soudain provoqué par Zeus pour détourner le navire des Grecs de leur destination et accompagne l’équipage dans l’exploration de l’île où ils ont échoué. C’est alors qu’ils sont capturés par le cyclope Polyphème. Le monstre selon Lob se révèle être une créature hybride, mi-homme mi-machine, programmée pour obéir aux ordres de son créateur Poséidon. Cela n’empêche pas Ulysse et son équipage de l’aveugler et de lui échapper, comme dans le mythe.

Plus tard, Ulysse rencontre Éole, le dieu des vents. Sa maîtrise des airs repose sur une technologie inconnue, lui permettant de contrôler des coussins d’air propices à des jeux coquins. La fameuse "outre des vents" qu’Éole lui confie pour rentrer chez lui devient une "amphore de métal", un puissant réacteur qui propulse de manière cocasse le navire comme un hors bord. Les aventures s’enchaînent ainsi, combinant mythe et science-fiction avec jubilation et une pointe d’érotisme.

Le trait de Pichard illustre parfaitement l’adaptation de Lob, mêlant avec talent les costumes des Grecs et les technologies inventées, dans un style caractéristique du psychédélisme. Les bords de case se courbent, les onomatopées ondulent. Le plus bel exemple est celui de l’épisode de Circé. La magicienne est ici experte en drogues, du genre hallucinogène, dont elle fait un grand usage personnel. C’est également la première femme qui parvient à retenir Ulysse auprès d’elle, la première d’une longue succession de beautés brunes toutes plus voluptueuses les unes que les autres.

Les femmes ont la part belle. Loin d’être simple figurantes, elles sont parties prenantes du scénario. Athéna intervient inlassablement en faveur de son protégé, quant aux amantes d’Ulysse, elles redoublent d’inventivité pour le garder à leurs côtés, révélant leurs charmes grâce à une garde-robe délicieusement osée.

Ulysse recueilli par Calypso

Lob et Pichard ont signé une adaptation très réussie qui renouvèle l’Odyssée de manière souvent inattendue, toujours intelligente et délicieusement coquine, à (re-) découvrir dans une édition noir et blanc luxueuse.

(par Lise LAMARCHE)

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Code EAN : 9782344028025

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1 Message :
  • En quoi cette édition patrimoniale est-elle luxueuse ? Glénat vend 24 euros 50 pour un livre de 120 pages en réédition en NB. Ce prix de vente est le même que pour de la création.

    L’éditeur part sans doute de vieux fichiers fatigués pour faire une impression aussi noire et grasse, manquant de détails dans les traits fins. Les planches originales sont-elles introuvables ? Ne peut-on pas les rescanner ?

    La typo de Pichard est fantaisiste, par exemple, il met parfois des accents sur les e, ou bien souvent non. Reprendre numériquement les e avec accents et les replacer dans les bulles aurait pu être un travail de restauration patrimoniale, cela aurait ajouté un confort de lecture et n’aurait rien enlevé à l’œuvre originale. Et oui, être éditeur, c’est du travail.

    Reste le récit de Lob et le dessin de Pichard, très beaux.

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