Nous sommes dans les années 1920. Les « Suffragettes » occupent l’actualité en ces années folles. La femme se libère et les toilettes comme les architectures ont quelque chose de végétal. La rigueur victorienne et l’horreur de la Première Guerre mondiale sont dépassés, comme on efface un cauchemar.
L’heure est à la futilité. Mais pas pour Emma G. Wildford. Voici quatorze mois que la jeune poétesse est sans nouvelles de son fiancé, Roald Hodges, membre de la National Geographic Society, parti sur les traces de son père en direction du Grand Nord, de la Norvège, plus précisément de la Laponie. Ils devaient se marier le jour de ses vingt ans… Elle a beau interroger les témoins de son périple, elle ne reçoit aucune réponse. Elle décide dès lors de monter une expédition pour aller le chercher, conservant avec elle une enveloppe à ouvrir au cas où il lui arriverait malheur.
Avec un sens aigu du mystère et de la caractérisation des personnages, Zidrou (L’Élève Ducobu...) raconte comment cette femme bourgeoise et distinguée va se révéler à elle-même dans ce voyage initiatique conduit par l’amour.
Un exaltant voyage magnifiquement mis en images par Edith tant dans la mise en scène que dans le travail sur les lumières et des couleurs qui passent avec élégance et quasiment volupté de la lourde moiteur de Londres aux horizons enneigés et paisibles de la Norvège. Un continent de douceur.
Une petite merveille, magnifiquement éditée, qui se trouve légitimement dans la liste des candidats au Fauve d’or d’Angoulême 2018, avec l’espoir de remporter la palme ? Peut-être que le jury, qui s’est montré très radical ces dernières années, se laissera séduire par un album qui s’annonce comme un classique.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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