Ceux qui connaissent l’homme et qui ont lu ses œuvres ne sont pas surpris. L’ouvrage qui lui a valu le Pulitzer, « Les extraordinaires Aventures de Kavalier et Clay » (publié en France chez Robert Laffont en 2003) racontait précisément la biographie romancée des pères fondateurs de la BD américaine : Will Eisner, Jerry Siegel, Joe Shuster, Joe Simon et Jack Kirby, montrant comment ces Juifs d’Europe centrale ont reconstruit l’imaginaire américain à partir d’éléments du folklore de leurs pays d’origine. L’escamotage du Golem de Prague par nos jeunes auteurs au nez et à la barbe des nazis est devenu une page d’anthologie. Par ailleurs, dans les années 90, le jeune Chabon, auteur précoce de best-sellers, avait déjà œuvré sur un script des X-Men. Son roman (et donc la vie de ces dessinateurs américains) sera également adapté à l’écran rien moins que par Sidney Pollack, excusez du peu !
Il n’est pas nouveau que des écrivains se penchent sur la bande dessinée. Il est un peu plus nouveau que ceux-ci se mettent au service de la BD pour l’adapter à l’écran. Nous avons un exemple quasi-similaire en France puisque Didier Van Cauwelaert, Prix Goncourt 1994, a écrit récemment le livret de la comédie musicale de Tintin et le Temple du Soleil. Après tout, le grand Jacques Brel lui-même avait écrit deux chansons pour le dessin animé adapté à partir du même ouvrage.
Pour en revenir à ce nouvel épisode de l’homme-araignée, programmé sur les écrans américains le 2 juillet 2004 et toujours réalisé par Sam Raimi pour Columbia Pictures, il semble déjà acquis que l’on verra apparaître deux nouveaux ennemis bien connus de Spider-Man : Octopus et Le Lézard. D’ores et déjà, l’acteur principal Toby McGuire annonçait que « le scénario du deuxième Spider-Man est meilleur que le premier ». Notre romancier à succès est déjà par ailleurs sur le script du prochain Superman. Apparemment, au moment où Uderzo et Goscinny refusent le scénario qui leur a été proposé par Gérard Jugnot, les Américains se donnent les moyens d’assurer la qualité littéraire de l’adaptation de leurs BD à l’écran. « Les mots sont tout » disait Bonaparte. Les Yankees l’ont compris, blood and guts !
Photo : Michael Chabon. DR.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.