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Un, deux ... Troy : Noël !

Par Charles-Louis Detournay le 23 décembre 2014                      Lien  
Les trois dernières sorties du Monde de Troy valent bien un cri de joie, car Lanfeust, Trolls et les Conquérants de Troy rehaussent le niveau des dernières Légendes parues. De quoi montrer le meilleur profil d'un univers qui vient de fêter ses 20 ans !

Un, deux ... Troy : Noël !Il y a quelques mois, la rentrée du monde Troy ne s’était pas réalisée en fanfare. Près de cinq ans après avoir démarqué le premier épisode de Star Wars, puis l’univers de sable de Dune et ses vers, Arleston & Melanÿn concluait leur Tykko des Sables par une vision polythéiste peu convaincante. Dommage, car le graphisme dynamique de Kéramidas aurait mérité un récit à la hauteur de son talent.

Comme le one-shot de la précédente Légende de Troy (Ploneïs l’Incertain), était aussi peu inspirée, on en venait à se demander si la multiplicité des séries et vingt années d’exploitation de Troy n’avaient pas épuisé le filon. Mais cette sombre pensée s’efface devant le punch des publications de ces dernières semaines !

Trolls de Troy : Pas de pitié pour le Père Grommel

Après affronté un souci de santé en 2012, Jean-Louis Mourier revient avec une énergie revigorante ! Ainsi en est-il avec le T19 de Trolls de Troy (Pas de Nöl pour le père Grommel), le troisième opus de la série en dix-huit mois ! Pour parvenir à cet exploit, rappelons que Mourier avait dû interrompre cet album de noël pour raisons médicales en dépit d’une prépublication en cours dans Lanfeust’Mag fin 2012, qui ne s’est finalement conclue qu’au second semestre 2013. Ce qui repoussait logiquement, vu la thématique saisonnière, sa sortie à une autre fin d’année, transformant cette joyeuse parodie de tome 17 en opus 19.

Pour expliquer cette incursion dans le célèbre village troll, Arleston fait appel au prince Sharmand, un chevalier fantasque insensible à tout dommage physique. Il se présente comme le fils du père Grommël, et déclare son amour à Waha, provoquant la colère du fiancé poilu de la belle. Et qui est le père Grommël ? Un type habillé de rouge qui, une fois par an, entre dans les cheminées enneigées pour distribuer des cadeaux… Mais qui oublie les chaumières des petits trolls depuis des lustres ! Il n’en faut pas plus pour que Gnondpom et Tyneth, les deux frères trolls de Waha, décident de partir pour le Grand Nord. Ils vont retrouver ce gars qui les oublie à chaque fois et lui faire cracher ses satanés cadeaux...

Le temps d’une séquence, Arleston et Mourrier revisitent Don Quichotte

Le scénario d’Arleston est si fluide et dynamique qu’il semble construit facilement, mais c’est en réalité la preuve d’une grande habileté ! D’un côté, il revisite nos traditions de Noël par la lorgnette du Monde de Troy, sa magie et son bestiaire ; de l’autre, il multiplie les situations cocasses et fait preuve d’un humour omniprésent qui fait de ce nouvel opus un excellent divertissement. L’ensemble est servi par une galerie de personnages truculents et dotés de caractéristiques incroyables : on se mord sans dommage, des personnages baffés volent en l’air avant de s’écraser, des maisons s’effondrent sur des personnages hilares ! Cette bonne humeur, amplifiée par le dessin cartoonesque de Mourier, communique aux petits comme aux grands un indicible plaisir de lecture. Une très agréable façon intergénérationnelle de se retrouver près du sapin, notamment quand il s’agit de traduire les multiples allusions parodiques de la série. Les grands ne seront pas oubliés, avec un personnage féminin cher à Mourier : une mère Nöl qui sort des sentiers … battus !

In fine, vu l’excellence et la constance atteintes par les derniers Trolls de Troy, le seul doute qui subsiste demeure la date du prochain opus. Maintenant qu’il est remis sur les rails, Mourier ne doit pas non plus s’épuiser. On suppose qu’il va reprendre l’annualité de sa production. Sachant que le vingtième Trolls de Troy doit être déjà bien avancé, Guy Delcourt a certainement décidé s’il préférait faire le vide autour de lui avec une sortie estivale, ou coupler la parution des poilus avec celle de Lanfeust, histoire d’en célébrer l’anniversaire avec le faste qui lui revient.

Lanfeust repart pour un nouveau cycle de cinq albums

Comme l’année dernière, c’est donc un tandem gagnant que composent les séries de Lanfeust & Trolls de Troy, les deux séries paraissant simultanément pour la seconde fois.

Si le one-shot et le diptyque sont le canevas idéal pour que les Trolls immuables quittent leur village, fassent un petit tour avant d’y revenir, Lanfeust est abonné à des cycles plus longs, où les personnages évoluent et les fils des diverses intrigues s’entremêlent.

Les deux premiers longs cycles de huit albums avaient posé le socle de la série, avant qu’Arleston & Tarquin ne désirent revenir à des aventures plus courtes dans Lanfeust Odyssey. La réussite de ce retour ne fut pourtant pas au rendez-vous, et c’est ainsi que les auteurs révisèrent leurs plans : dans un univers un poil plus sombre, c’est le cas de le dire !, que d’habitude. Un Lanfeust plus mûr affronte enfin des situations dignes de son glorieux passé. Pari gagnant : ce cycle retrouvait la recette des aventures héroïques, pleines de magie et d’humour qui caractérisait la saga !

Sauver le Magohamoth

Si une part des intrigues s’étaient résolues dans l’album précédent, la vie n’est pas pour autant calme à Eckmül. Alors qu’ils croient que leur ami Troll Hébus est mort, Lanfeust et ses quatre épouses remontent le fleuve Bilieux à la recherche de l’épice qui peut sauver le Magohamoth, et la magie sur Troy. Mais ils ont la surprise de découvrir un village de fer dans ses méandres : un vaisseau de réfugiés qui a fui les guerres spatiales. Dans le même temps, enchanté par les sages d’Eckmül, Hébus semble être le seul dans la cité du Conservatoire à réaliser le danger que représente Lylth...

Un poil plus adulte, mais avec toujours avec humour !

En terme d’intrigue, ce nouvel épisode marche dans les pas des deux grands cycles précédents : Laufeust de Troy et Lanfeust des Étoiles. Comme nous le confirmait Didier Tarquin, il était illusoire de croire que Lanfeust pourrait revenir sur Troy et reprendre ses petites aventures en effaçant tout ce qui s’était passé dans les étoiles. Sans quitter l’Heroic Fantasy, le space opera réalise donc un retour avec des incursions discrètes, comme ce vaisseau spatial que Lanfeust découvre, ou l’origine de la démoniaque Lylth.

Remarquons qu’en 22 albums de la série, ce n’est que la troisième fois que le héros n’apparaît pas sur la couverture. Après Cixi et Hébus, c’est donc cette mystérieuse entité qui est dorénavant au centre de toutes les attentions !

S’il n’est pas aussi trépidant que l’intense épisode précédent qui profitait de la fin d’intrigues secondaires, cette aventure dans le Delta Billieux est une fois de plus très bien construite. Après l’affrontement précédent, Arleston doit repartir sur de nouvelles bases et repositionner ses personnages. Toujours dépossédé de ses pouvoirs et aux prises avec ses multiples femmes, Lanfeust n’est jamais apparu aussi humain, même si sa nature héroïque reprend toujours le dessus. Bien qu’il ne soit pas toujours à ses côtés, Hébus contrebalance la personnalité de son ami avec son humour ravageur et des claques tonitruantes.

Une fois encore, Tarquin met beaucoup de passion dans chacune des planches, et on comprend qu’il cherche encore à faire vieillir et mûrir ses personnages, tout en renforçant le côté sombre des planches d’affrontements ou de ténèbres.

... sans oublier de l’action et de l’héroïsme pur. Sans magie !

En vingt ans d’existence, Lanfeust a donc pris plus de poils au menton que de rides sur le front. Arleston et Tarquin ont retrouvé définitivement le filon pour accrocher encore le lecteur à la hauteur de ses attentes. En annonçant sur le plat arrière du présent album, Delta Billieux, les titres des quatre albums à venir, les auteurs veulent démontrer qu’ils savent bien où ils vont, et que cela va déménager !

Les Conquérants de Troy : une série de one-shots !


À la différence de Tarquin qui affiche une régularité annuelle de métronome depuis 20 ans sur Lanfeust, Ciro Tota prend trois années pour livrer chaque récit des Conquérants de Troy. Rappelons que cette série se déroule aux origines de l’univers, alors que des colons « volontaires » dotés de pouvoir psy ont été largués sur Troy afin de faire croître leur potentiel magique.

Avec un tel rythme de parution, Arleston a bien compris qu’il ne pouvait pas construire de récit aussi enchevêtré que Lanfeust. Même si Les Conquérants de Troy peuvent se lire comme une série indépendante, chaque tome dispose maintenant de sa trame propre, avec une conclusion convenable qui évite de faire trop languir le lecteur.

Après la révolte d’Eckmül dans le tome précédent, Page-Blanche et son frère Zuynn, colons malgré eux du nouveau monde de Troy, sont donc à la recherche de leurs parents, botanistes de renom. Heureusement, ceux-ci ont laissé, sous forme de plantes, des indices permettant de les retrouver. Mais la route de Page va croiser une nouvelle fois celle du seigneur Van Laack, qui, associé à un hobereau local, lève une armée pour assiéger le repaire des deux botanistes. Page et Zuynn sont capturés et se retrouvent à la merci de leur pire ennemi, ravi de pouvoir assouvir sa vengeance...

Deux passions d’Arleston se retrouvent dans cet album : bien entendu, la volonté de montrer comment l’installation des humains s’est déroulée sur Troy, comment sont apparus la magie et les pouvoirs, quels sont les premiers contacts avec la flore et la faune locale, et quels sont les prémices de la société qu’il a si bien décrite dans les Encyclopédies anarchiques du Monde de Troy. Mais avec Le Mont Rapace vient se greffer une souche plus primaire de la Fantasy : un méchant seigneur, un château dans un climat hostile, des prisonniers et des affrontements violents.

Arleston maîtrise aussi bien un sujet que l’autre. Il sait également que son lectorat a besoin de retrouver le concept de la série. Il prend donc le temps d’une séance introductive pour replacer en situation les personnages et leur quête, ce qui permet de ne pas relire les trois albums précédents avant d’entamer le dernier titre sorti. Si l’héroïne de la série n’est sans doute pas la plus charismatique qui soit, le tandem affectueux qu’elle réalise avec son dragon et la recherche de ses parents atténuent la froideur qu’elle dégage. Un sentiment qui s’amplifie donc au fur et à mesure de l’album, tout autant que l’adhésion au tandem Arleston-Tota : sans réelle surprise, avec un haut niveau d’efficacité, les deux auteurs livrent le meilleur d’eux-mêmes pour divertir le lecteur. Peu d’humour, mais de l’action et des rebondissements pour un one-shot que devront absolument lire les fans de Troy, afin de sans doute découvrir le dénouement de cette série dans le prochain (et dernier ?) album.

Si Lanfeust et Trolls de troy avaient donc fait coup double fin 2013, ces « Troy » albums de cette fin d’année ne pourront que contenter le fan de l’univers créé par Arleston : humour, aventures, Fantasy et action y sont distillés à des degrés divers : une très belle façon de fêter les vingt ans d’un imaginaire toujours au top des ventes !

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(par Charles-Louis Detournay)

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Concernant la double sortie de l’année dernière, lire notre article : Lanfeust et Trolls bousculent la librairie en cette fin d’année
Lire nos autres chroniques de Trolls de Troy : tomes 7, 9, 10 et 11, 13, 14, 15 & 16, 17, 18 ainsi que Dix ans de Trolls de Troy.]

Lire les chroniques de Lanfeust Odyssey tomes 1 2, 4 et 5 ainsi l’interview de Didier Tarquin concernant le tome 3 de Lanfeust Odyssey : « Cet album est la plus grosse claque de tous les Lanfeust ! »

Lire notre article concernant les deux premiers tomes des Conquérants de Troy

 
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