Élevé dans la communauté juive de Tunis, le petit Victor Perez, qui trouve lui-même son sobriquet "Young" quand il devient boxeur, a atteint la célébrité à Paris en devenant champion du monde en 1931.
La gloire absolue, d’autant que l’actrice Mireille Balin succombe à son charme. Le destin de Perez sera d’autant plus cruel qu’il va d’abord perdre son titre, puis sa femme, puis sa liberté, quand les nazis le déportent à Auschwitz, ou il meurt assassiné durant l’hiver 1945, alors que les Allemands fuient l’armée russe.
Le parti-pris de Ducoudray évite constamment la romance et et les paillettes, pour se concentrer sur l’opposition entre les époques de la vie de Perez.
De Tunis, ville-berceau qui connaît des moments de joie (liesse au moment du titre de leur boxeur) et de haine (violences anti-juives en 1918) à la Pologne, c’est un peu le paradis et l’enfer. Le dessin charbonneux de Vaccaro baignant dans un sépia qui s’épaissit parfois jusqu’au brouillard, saisit avec acuité ces passages entre la nuit menaçante et les lumières de la Tunisie ou du Paris des années folles.
En parallèle, Young s’attarde aussi sur le quotidien concentrationnaire, avec la barbarie du camp qui n’empêche pas quelques moments de solidarité. Et puis, bien sûr, l’album montre comment un officier amateur du noble art fait reprendre les gants à Victor Perez, puis le transforme en coach, chargé de recruter des combattants parmi les siens. Dans ce contexte, la présence de Balin reste anecdotique, et le combat, dans tous les sens du terme, occupe l’essentiel de ce poignant récit.
Un destin exceptionnel qui mérite bien ces trois fictions présentées en quelques mois.
(par David TAUGIS)
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Young (Tunis 1911-Auschwitz 1945) - Par Eddy Caccaro & Aurélien Ducoudray - Futuropolis
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