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Un médiateur du livre pour soutenir les auteurs, l’édition et la librairie indépendante

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 septembre 2013                      Lien  
Il est communément accepté que la fameuse Loi Lang de 1981 a plutôt protégé le réseau des librairies en France mais cette loi avait besoin de quelques aménagements face au développement des librairies sur le Net et à la nouvelle donne du livre numérique.

La ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti l’avait promis lors du dernier Salon du Livre de Paris. C’est fait désormais. Le Sénat vient d’adopter, dans le cadre du projet de loi relatif à la consommation, trois amendements destinés à améliorer le fonctionnement des lois du 10 août 1981 et du 26 mai 2011 relatives au Prix Unique du livre, papier comme numérique.

Ces dispositions passent par l’assermentation des agents du ministère de la Culture et de la Communication afin d’assurer une veille de leur application et un contrôle de leur mise en œuvre avec la possibilité de saisir la justice en cas de manquement.

Première mesure marquante : la création d’un médiateur du livre qui servira d’arbitre dans les conflits éventuels entre auteurs, éditeurs, distributeurs et libraires, notamment face aux nouvelles pratiques et aux nouveaux acteurs de l’Internet. Une formule souple qui permettra, on l’espère, d’éviter la lourdeur administrative et les délais impossibles des procédures judiciaires.

Cette mesure était nécessaire car dans la bouteille d’encre du modèle économique de l’édition numérique, les éditeurs mènent une subtile guerre de position qui est ardemment contestée par les auteurs, et notamment leurs représentants syndicaux comme le SNAC-BD, peu satisfaits de devoir signer des engagements sur des exploitations jusqu’ici hypothétiques, d’autant que les nouveaux instruments offerts par la révolution numérique (crowdfunding, réseaux sociaux...) changent les rapports de force entre les acteurs : pourquoi un éditeur traditionnel de BD serait mieux placé que Google, Apple ou Amazon dans un secteur où il n’est clairement qu’un nain face à des géants ?

Il est bon que les pouvoirs publics s’intéressent à la préservation des intérêts légitimes des créateurs et des petits entrepreneurs face aux géants multinationaux qui se dressent face à eux.

Mais c’est sur le volet législatif sur le Prix Unique du Livre que le ministère est le plus attendu par les observateurs, notamment dans le sens d’une régulation plus stricte de la pratique commerciale de la gratuité des frais de port associée systématiquement au rabais de 5% permis par la loi. Ces derniers temps, cette gratuité apparaissait de plus en plus comme une façon déguisée de pratiquer du rabais, ce qui est en contradiction avec l’esprit de la Loi Lang et qui affecte gravement la concurrence en défaveur des librairies indépendantes.

En Belgique, où le Prix Unique du Livre n’est pas pratiqué, les rabais pratiqués par les grandes surfaces font souffrir notablement les librairies de BD spécialisées.

Mais nous ne sommes pas encore au bout du processus : "Cette mesure fait actuellement l’objet d’une concertation avec l’ensemble des acteurs concernés" nous dit le communiqué de la ministre.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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En médaillon, la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti. Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

 
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11 Messages :
  • En même temps quand on achète un bouquin chez son libraire on ne paye pas de frais d’envoi non-plus. Le sophisme, dont Aurélie Filippetti semble être une adepte forcenée, lui permettra, avec l’air de ne pas y toucher, de détricoter inexorablement la loi sur le prix unique du livre. Quand on voit déja les largesses des autorités envers Amazon, on se dit que les libraires ont bien du soucis à se faire.

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  • N’importe quoi
    18 septembre 2013 10:29, par Zombi

    C’est du grand n’importe quoi, un tissu d’assertions gratuites. D’abord lorsque la création artistique est sous la protection des pouvoirs publics, elle ne dépasse pas le niveau de la propagande. Ensuite l’idée que le petit commerce vaut mieux que la grande distribution ou les géants de l’internet est une pétition de principe. Un boulanger de quartier ne vend sans doute pas la même chose qu’un boulanger industriel, mais dans le cas de la bande-dessinée, on a le même produit, vendu de deux façons assez similaires.

    - Si la loi Lang avait eu des effets bénéfiques, les libraires ne seraient pas en train de gémir aujourd’hui.

    - Les intérêts des libraires et des auteurs de BD sont distincts. De même que la cause de la littérature ou de la BD n’est pas liée à celle de l’édition. Les éditeurs ne sont qu’exceptionnellement des philanthropes ; ils n’ont qu’exceptionnellement le souci de la création.

    - Il faut que D. Pasamonik fasse un choix : ou bien la BD est une industrie, et à ce titre les lois de la concurrence et de la modernisation s’appliquent -son poujadisme nostalgique est ridicule-, ou bien la BD n’est pas une des possibilités de la culture de masse, et dans ce cas il convient de ne pas tout confondre sous le vocable libéral commode de la "culture" et de son "ministère", aussi hypocrite qu’inefficace.

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    • Répondu le 18 septembre 2013 à  11:01 :

      Si la loi Lang avait eu des effets bénéfiques, les libraires ne seraient pas en train de gémir aujourd’hui.

      Ils peuvent gémir car cette loi leur a permis d’exister encore.

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    • Répondu par Sergio Salma le 18 septembre 2013 à  12:05 :

      La loi Lang date de 1981. Il y a donc une génération de libraires (en France donc) qui a pu mieux vivre grâce à elle.

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      • Répondu par Zombi le 19 septembre 2013 à  12:59 :

        Je ne partage pas l’idée dévote selon laquelle le commerce de livres ou de "biens culturels" est plus honorable ou plus utile que la boucherie-charcuterie ou la boulangerie. J’observe que, dans l’ensemble, les libraires sont prêts à fourguer tout et n’importe quoi à leurs clients. Pour moi la culture est un truc d’Allemand ou de Belge, parfaitement indéfini et propice au mercantilisme.

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    • Répondu par Vincent le 18 septembre 2013 à  14:43 :

      D’abord lorsque la création artistique est sous la protection des pouvoirs publics, elle ne dépasse pas le niveau de la propagande.
      - Affirmation gratuite et complètement fausse, petite manœuvre rhétorique qui ne fait jamais de mal (sauf à la logique).

      - Si la loi Lang avait eu des effets bénéfiques, les libraires ne seraient pas en train de gémir aujourd’hui.
      - La question est plus vaste que ça, c’est un raccourci facile.

      Les intérêts des libraires et des auteurs de BD sont distincts. De même que la cause de la littérature ou de la BD n’est pas liée à celle de l’édition.
      - Oui, et l’idée est justement d’équilibrer les intérêts, histoire que chacun y trouve son compte.

      Ou bien la BD est une industrie, et à ce titre les lois de la concurrence et de la modernisation s’appliquent, ou bien la BD n’est pas une des possibilités de la culture de masse, et dans ce cas il convient de ne pas tout confondre sous le vocable libéral commode de la "culture" et de son "ministère", aussi hypocrite qu’inefficace.
      - J’ai la faiblesse de penser que la BD n’est pas une industrie. Et donc ?

      Je précise que j’attends de voir pour les propositions de Filippetti.

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      • Répondu par Zombi le 19 septembre 2013 à  13:33 :

        - La création artistique officielle et certifiée conforme à la moraline du moment ne dépasse pas le niveau de la propagande, sauf dans les cas rares où l’artiste sait se jouer de cette protection (Molière, par ex.). Mais là, il s’agit de réclamer la protection des pouvoirs publics (!). Tout l’intérêt de la BD est au contraire le mépris des pouvoirs publics jusqu’ici vis-à-vis d’elle.

        - C’est l’affirmation du bénéfice de la loi Lang qui est gratuite et ne repose sur aucune preuve. Je prétends que la désaffection des Français pour les libraires est loin d’être seulement une question de prix. Tout ça n’est pour certain parti politique que l’occasion de brandir à peu de frais la bannière de la culture et de s’attirer de cette façon les suffrages des dévots.

        - C’est D. Pasamonik qui affirme que la BD est une industrie comme le cinéma, ce qui n’est pas exact. La BD est beaucoup moins industrielle que le cinéma, c’est-à-dire soumise à moins de contraintes techniques (hors mangas et comics yankees, produits pour satisfaire un marché à peu près exclusivement).

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        • Répondu par Sergio Salma le 19 septembre 2013 à  18:03 :

          Zombi tu lui lances à peu près n’importe quel sujet et il placera son discours mi-anarchiste mi pataphysicien. Outre qu’on ne comprend rien à ce qu’il raconte( mais on sent qu’il est contre) il a des raccourcis qui lui permettent de s’en sortir avec une pirouette amusante façon couverture de magazine satirique.

          Sinon, son cerveau qui pense voir large a pourtant tendance à réduire la marche du monde à 3 ou 4 actions fondamentales. On parle d’une baisse des ventes de bandes dessinées dans un contexte de crise majeure mondiale ; dans son processus de pensée ça devient "la désaffection des Français pour les librairies" . Sacré Zombi.

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          • Répondu par Zombi le 21 septembre 2013 à  14:16 :

            Alors je vais être plus clair, Sergio : rien à cirer du discours poujadiste de gauche de défense des libraires. D. Pasamonik ne fait que répercuter les arguments électoralistes de la ministre Filippetti ; je ne vois pas l’intérêt de mêler la BD à ce mic-mac. La BD vaut surtout parce qu’elle est un art relativement populaire et relativement indépendant. Les gens de droite n’ont sans doute que des intérêts, et aucune idée, mais tout ce que les gens de gauche touchent devient snob et intellectualisant, ouvrant ainsi un boulevard à la culture de masse.

            La gauche, protectrice de la culture, c’est un mythe des années 80 auquel plus personne ou presque ne croit.

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            • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 21 septembre 2013 à  14:30 :

              C’est beau, le mic-mac idéologique. La droite : sans idée ; la gauche : snob. Tout le monde il est poujadiste sauf moi. Diarrhée de mots.

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            • Répondu par Cyril le 22 septembre 2013 à  03:18 :

              Ca devient pire que sur le site de Morandini les commentaires sur Actuabd...

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