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Un nouveau souffle pour "Lanfeust" et "Les Naufragés d’Ythaq"

Par Charles-Louis Detournay le 29 décembre 2015                      Lien  
Hormi "Trolls de Troy", Lanfeust et Ythaq sont les deux best-sellers annuels d'Arleston, et donc de Soleil. Mais comment modifier en permanence la recette de ces succès afin de ne pas diluer la saveur initiale, mais en maintenant la fraîcheur d'origine? Réponse par l'exemple !

Rien de nouveau sous le Soleil (et chez les autres éditeurs) : les longues séries peuvent trébucher au moindre signe de faiblesse, et il devient alors presque impossible de redresser le tassement inexorable des ventes. Parallèlement, le lancement d’une nouvelle série est tout aussi complexe, même pour des auteurs notoires, et pas mal d’entre eux sont benoîtement revenus à leurs séries premières après s’être brûlé les doigts à tenter de nouvelles expériences. Les temps sont durs pour les aventuriers...

Pour résoudre cette quadrature du cercle, Arleston, le scénariste-phare de Soleil, n’hésite pas à se remettre en question en faisant ce constat : après des années trop productives qui donnaient à son niveau d’écriture l’impression de baisser, n’est-il pas le moment de se reconcentrer sur ses grandes séries : Trolls, Lanfeust, Ythaq, Opale, Ekhö ? Ses publications de l’année 2015 le prouvent. Même si, a contrario de cette tendance, nous savons que des nouvelles séries sont en préparation, ce recentrage a un effet immédiat à la lecture : l’écriture est plus ciselée et l’humour plus finement agencé.

Un nouveau souffle pour "Lanfeust" et "Les Naufragés d'Ythaq"
Action, humour, Heroic Fantasy & Space Opera
Arleston, Tarquin, Lyse © Éditions Soleil, 2015

Lanfeust, en perpétuelle mutation

Rappelons que les deux premiers longs cycles de huit albums de Lanfeust avaient posé le socle de la série et conquis un public nombreux, avant qu’Arleston & Tarquin ne désirent revenir, à la faveur des tendances du temps, à des cycles plus courts comme Lanfeust Odyssey. La manoeuvre n’avait cependant pas convaincu, poussant les auteurs à réviser leurs plans. C’est un Lanfeust plus mûr qui affrontait désormais des situations dignes de son glorieux passé. Pari gagnant : ce cycle retrouvait la recette du succès avec des aventures héroïques, pleines de magie et surtout cet humour qui caractérisait la saga !

Après une première pause réalisée à la fin du tome 5, alors qu’ils croyaient que leur ami Troll Hébus était mort, Lanfeust et ses quatre épouses s’étaient lancés à la recherche de l’épice pour sauver le Magohamoth et la magie sur Troy. Mais ils ont eu la surprise de découvrir un vaisseau de réfugiés qui avait fui les guerres spatiales : grâce à cet habile subterfuge, le cycle Lanfeust Odyssey fait la jonction entre le premier cycle des huit albums de Lanfeust de Troy centré sur la magie, et le second cycle de Lanfeust des Étoiles basée sur la domination des galaxies.

Un Lanfeust métamorphosé !
Arleston, Tarquin, Lyse © Éditions Soleil, 2015

Fort de de nouveau périmètre, le tome 7 du nouveau cycle s’inscrit dans la droite ligne de l’évolution de la série. Grimé, Lanfeust continue à mûrir, au point de s’afficher sur la couverture avec un look et un regard méconnaissables. Arleston et Tarquin continuent néanmoins à faire évoluer leur héros tout en maintenant les ingrédients majeurs de leur série : une course-poursuite pleine d’action pour sauver Troy, sa magie, et le reste de l’univers par la même occasion avec, en conclusion,, de chaleureuses retrouvailles entre Lanfeust et Hébus, après de savoureuses bagarres où nos héros étripent à tout-va !

La grand tournant du récit demeure le retour de Cixi ! Non, nous ne parlons de la jeune fille rencontrée en début de cycle, et qui pour tout pouvoir magique, avait surtout le don d’exaspérer le lecteur, mais bien de sa tante, à savoir la vraie Cixi, restée dans les Étoiles pendant ce temps, et qui fait un come-back fracassant !

Le retour fracassant de Cixi !
Arleston, Tarquin, Lyse © Éditions Soleil, 2015

On ne vous en dira pas plus, si ce n’est que ce tome de Lanfeust renoue avec l’essence de la série : action et retournements de situation sont brillamment servis par le trait de Tarquin, qui mêle de plus réalisme et caricature avec des expressions faciales très expressives, avec cette touche d’humour et de fraîcheur que l’on aurait cru révolue.

Le retour vers Ythaq

Le constat est presque identique pour Les Naufragés d’Ythaq. Le premier très long cycle de neuf tomes jouait habilement sur la découverte du bestiaire d’Ythaq, une planète issue d’un univers parallèle où s’était égaré un échantillon bigarré de la population du cosmos. Le scénario d’Arleston avait mis en avant un trio amoureux plein de fougue et d’étincelles, tandis que le jeune Adrien Floch alignait les tomes à une vitesse faisant l’admiration de ses confrères, tout en ne cédant rien à la magnifique élaboration de l’exotique Ythaq.

Mais le retour des héros à la vie normale avait engendré une rupture. On peut d’ailleurs tracer un certain parallèle entre ce second cycle d’Ythaq et Lanfeust des Étoiles : une lune regorgeant de monstres dont il faut s’échapper, de grandes puissances commerciales désireuses d’accroître leur domination, des tensions entre confédérations et républiques, etc.

Le nouvel album renoue avec un cadre plus naturel ... et plus dangeureux
Arleston, Floch, Blanchard, Guth © Éditions Soleil, 2015

Bien que le second cycle n’aie pas été dénué d’intérêt, il lui manquait un soupçon d’innovation pour maintenir la qualité du précédent niveau. Arleston avait envoyé son héroïne Granite dans un mission en dehors de sa ligne narratrice, histoire de laisser les deux autres angles du trio amoureux former une figure peu équivoque. Quant à Adrien Floch, s’il progressait encore dans le dessin de ses personnages, et plus particulièrement dans leurs attitudes et dans l’expression de leurs visages, son assignation à dessiner des vaisseaux spatiaux le faisait œuvrer en dessous de son potentiel.

On attendait donc impatiemment ce tome 13 pour deux bonnes raisons : il marque le retour dans l’univers parallèle, renouant avec le cadre originel de la série ; il est par ailleurs soutenu par l’arrivée du dessinateur Fred Blanchard qui apporte un nouveau développement dans la représentation des civilisations rencontrées. « Travailler avec Fred Blanchard est une chance, doublée d’un réel plaisir !, nous explique Adrien Floch. « Les engins, habitations et décors qu’il réalise sont non seulement très esthétiques et très innovants, mais chaque détail détient son rôle explicite, ce qui confère une authenticité profonde à tout ce qu’il crée. »

Ce nouveau tome profite d’une belle collaboration entre Floch & Blanchard
Arleston, Floch, Blanchard, Guth © Éditions Soleil, 2015
Le cahier graphique comprend de belles illustrations d’Adrien Floch...
Arleston & Floch © Éditions Soleil, 2015

Cette attente est largement récompensée dans cette nouveauté intitulée Glèbe, la singulière. On retrouve un trio (légèrement modifié) aux prises avec de nouvelles civilisations. Et d’emblée, la patte de Blanchard s’y affirme : entre aménagement insectoïde évolué et composition guerrière plus rudimentaire, le bois se mêle au métal pour proposer une vision pleine de réalisme et de cachet. Floch intègre parfaitement les vaisseaux et les croquis de Blanchard : on s’arrête devant ces grandes cases qui profitent de belles demi-planches, tout profitant de la lisibilité de l’ensemble. Et le scénario se hisse au niveau de progression artistique, avec de nouveaux personnages et d’intéressants rebondissements, et ce dans chacun des univers parallèles.

Que cela soit sur Troy ou avec Les Naufragés d’Ythaq, Arleston (associé à Tarquin, Lyse, Guth, Floch & Blanchard) maintient la qualité de ses grandes séries, et reprend même du poil de troll ! Le dossier graphique de 16 pages en fin d’Ythaq prouve que le scénariste cultive toujours son sens de l’humour. Ses aventures conçues comme des séries télévisées, avec de nombreux épisodes et de multiples rebondissements, retrouvent l’allant et le dynamisme des premiers titres, invitant ceux qui auraient décroché à rejoindre le convoi.

... et les coulisses de l’intégration des créations de Blanchard dans l’univers d’Ythaq
Arleston, Floch, Blanchard © Éditions Soleil, 2015

(par Charles-Louis Detournay)

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Lire les chroniques de Lanfeust Odyssey tomes 1 2, 4, 5 et 6 ainsi l’interview de Didier Tarquin concernant le tome 3 de Lanfeust Odyssey : « Cet album est la plus grosse claque de tous les Lanfeust ! »

Lire nos chroniques des précédents tomes des Naufragés d’Ythaq : 1 ; 3 ; 4, 5, 6 et 12
Ainsi que nos précédentes interviews dAdrien Floch :
- "Certaines histoires nécessitent une parution rapide" (Janv 2008)
- « Le récit prime sur le format » (Oct 2011)
- « "Les Naufragés d’Ythaq" bascule dans le Space Opera »
- « Lorsqu’on veut faire du Space Opera, il faut constamment se renouveler » (Juin 2014)

 
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