Camille Jourdy a reçu le Prix du Truc d’Or pour son album Juliette, les fantômes reviennent au printemps (Éditions Actes Sud). Les auteurs du tome 5 de Jazz Maynard (Dargaud), Roger et Raule ont reçu quant à eux le Prix de Lyon. Le dessinateur Roger a d’ailleurs bien été mis à l’honneur. Tout d’abord, par le biais de sa participation à l’exposition Influences croisées, une exposition ludique et interactive qui fait des passerelles entre auteurs français et auteurs espagnols, en se demandant qui a influencé les auteurs dans leur identité graphique et narrative. Ensuite car l’illustrateur de la série Jazz Maynard a donné un concert de dessins dans l’amphithéâtre de l’opéra. Il a donc dessiné en direct son célèbre trompettiste accompagné d’un jazz band. Commençant par les détails, avec une immense agilité à manier le noir et blanc, les spectateurs ont vu petit à petit apparaître sous leurs yeux ébahis les personnages de cette fameuse série BD.
Mais le festival accueillait de nombreux autres scénaristes, dessinateurs et coloristes. Les lecteurs ont donc pu aller à la rencontre d’auteurs comme Chloé Cruchaudet (Mauvais genre), Fabcaro (Zaï zaï zaï zaï), Tanxxx (Velue), Joël Alessandra (Louise, le venin du scorpion), ou encore Lupano et Grégory Panaccione (Un océan d’amour), détenteurs du prix Lyon 2015. C’est d’ailleurs Panaccione qui a réalisé l’affiche de cette édition.
Un programme divers et varié
En plus des traditionnelles séances de dédicaces, de nombreux événements ont été proposés. Il faut dire que si le Lyon BD festival se démarque par son format. Il se distingue aussi grâce à une programmation des plus variée et créative.
Les visiteurs ont aisni pu assister par exemple à une conférence au Palais du commerce sur « la vie secrète des super-héros ». Une conférence animée par le journaliste et scénariste Xavier Fournier, où les auditeurs ont pu découvrir avec humour les incohérences scénaristiques de leurs comics préférés.
Ils ont pu aussi visiter l’exposition inédite Lug, maison d’édition lyonnaise à l’Hôtel de ville, ou encore participer à des rencontres d’auteurs comme celle avec Lewis Trondheim et Cosey sur leurs albums reprenant le personnage de Mickey chez Glénat. Une rencontre où ces deux auteurs aux personnalités très différentes, ont raconté comment ils s’étaient approprisé la célèbre souris. Si Trondheim souhaitait revisiter le personnage, Cosey a voulu rendre hommage à Mickey en restant fidèle à l’univers graphique des premiers albums. Ils sont également revenus sur leur façon de travailler avec Disney, et sur les censures et interdits de cet univers. « Mais Mickey se prête bien à la reprise, car il ne faut pas oublier que ça a été très vite une aventure collective » explique Cosey.
Une telle diversité est également due aux nombreuses implications des Lyonnais et des différentes structures de la ville. « C’est tout le réseau de la bande dessinée lyonnaise qui met la main à la pâte pour organiser le festival » raconte Sandrine Deloffre, coordinatrice du festival. Même si le fascicule informatif ainsi que le site Internet gagneraient à être plus clairs, les visiteurs n’ont eu que l’embarras du choix face à cette programmation hétéroclite.
Un festival valorisant l’international et le spectacle vivant
Le Lyon BD festival possède également d’autres atouts. Il favorise les liens avec l’international avec le pavillon Shanghai par exemple. Il a été notamment présenté en avant première les planches de la BD Jet Lag, un carnet de voyage réalisé par deux auteures chinoises (Lin Zhu et Tao Ban Xian) et deux auteurs de la région (Yannick Corboz et Jibé).
Enfin le Lyon BD festival s’est également investi dans le spectacle vivant. Des musiciens, des humoristes, des comédiens se sont alliés à des auteurs de BD pour réaliser de nombreuses représentations.
Samedi et dimanche dernier, les spectateurs ont pu assister au théâtre de rue Imbroglii. Avec dynamisme, Lapin 34 a mis en scène sur les marches du palais du commerce la BD Imbroglio de Lewis Trondheim (chez l’Association). Le metteur en scène François Chevalier et les interprètes Séléna Hernandez, Gilles Barthelemy et Aurélien Portehaut (Kaamelott) ont su retranscrire avec justesse et humour l’histoire loufoque de ce petit one shot. Sans oublier le concert dessiné de Boulet x Inglenook le samedi soir, qui a été un beau moment du festival. Poésie, malice et légèreté était au rendez-vous pour ce concert. Le trio Inglenook nous a fait entrer dans leur univers musical avec beaucoup de convivialité et en toute simplicité grâce aux touchants et amusants dessins de Boulet.
Le week-end de cette onzième édition s’est déroulée dans une ambiance festive et familiale. Mais ce n’est pas fini, vous pouvez encore visiter de nombreuses expositions comme Obion au Musée Gallo-Romain de Fourvière (jusqu’au 30 juin 2016) ou Les Aventuriers de l’archive perdue avec Nicolas Wild et Erwann Surcouf aux archives municipales (jusqu’au 16 septembre 2016).
(par Morgane Aubert)
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