Barjot, c’est le bon copain un peu fou, un peu seul, un peu perdu, mais pas si bête au fond. Et cette vie qui vient, c’est la prépa littéraire que va intégrer Mathieu. Le départ est pour demain, et cette nuit de transition, d’angoisse et de presque deuil de sa vie tranquille de lycéen commence comme d’habitude par un bon concert de rock. Mathieu n’a pourtant qu’une idée en tête : croiser LA fille. Noémie doit jouer ce soir, et même si le jeune homme et ses amis ratent sa prestation, ils sont invités à la fête qui suit...
On ne saura pas tout de cette ville que Mathieu va laisser derrière lui. Des lieux incontournables, comme ce Bateau Ivre dont les concerts font courir tous les rockers du coin, les docks, les petites ruelles pleines de charme... Dans sa traversée nocturne, le futur étudiant égrène ses souvenirs, ses frustrations... Toujours avec les copains pas trop loin. Des amis, plus ou moins proches, il n’en manquera pas dans cette longue nuit de fantasmes (féminins évidemment) et de doutes. Pas seulement sur sa vie à Paris, mais aussi sur l’amour, la fidélité en amitié... Seule la famille semble reléguée loin au second plan.
Grâce à des dialogues brillants de justesse et une vision aussi pertinente des lycéens côté garçon et côté filles, Appollo tisse un scénario formidablement émouvant. Outre le suspense de base (Mathieu parviendra-t-il à retrouver Noémie), il intègre des épisodes violents (marquante scène de bastonnade sur un terrain de foot) et évoque avec sensibilité les amitiés boiteuses de l’adolescence. Et le trait très "américain" de Oiry excelle dans les portraits typés. Entre la prostituée gothique, la musicienne sexy-gavroche et le fan de hardcore, chaque détail compte...
À la fois poétique et nostalgique, voyage-express dans le monde des passionnés en tous genre, Une vie sans Barjot est l’un de ces albums qu’on veut conseiller sans cesse, tout en gardant son souvenir parmi les plus belles réussites du genre. Un des incontournables de l’année, tout simplement.
(par David TAUGIS)
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