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Une expo événement pour le musée de la BD en 2010

Par Thierry Lemaire le 4 novembre 2009                      Lien  
Le musée de la bande dessinée d'Angoulême dévoile les premières informations sur "cent pour cent", sa première exposition de l'année 2010. Une manifestation 100% internationale et 100% prestigieuse.
Une expo événement pour le musée de la BD en 2010
L’illustration de Lorenzo Mattotti utilisée pour réaliser l’affiche de l’exposition.

Un événement de ce genre, ça se prépare longtemps à l’avance. Il aura fallu plus de deux ans pour boucler "cent pour cent", la prochaine exposition du musée de la bande dessinée d’Angoulême. Et pour cause. L’institution angoumoisine a demandé à 100 auteurs de bande dessinée du monde entier d’interpréter à leur façon une planche choisie dans la collection du musée. Une sorte de mise en abymes où les créateurs contemporains s’approprient le patrimoine de la BD et dialoguent avec l’œuvre d’auteurs qui les ont impressionnés d’une manière ou d’une autre.
Le principe est astucieux. D’un côté, il permet de mettre en lumière quelques-unes des plus belles planches conservées par le musée. De l’autre, il dresse un panorama de la bande dessinée actuelle avec 100 auteurs issus de diverses cultures.

Planche de Breccia...
... et son interprétation par Mattotti.


Les duos ainsi formés en apprennent finalement beaucoup sur les auteurs qui ont accepté l’invitation au dessin. Certains en profitent pour rendre hommage à leurs maîtres. C’est le cas de Mattotti pour Breccia, Muñoz pour Pratt, Toppi pour Battaglia voire Baudouin pour Buzzelli ou Cestac pour Segar, avec une forte dimension émotionnelle pour le visiteur. D’autres tentent des expériences graphiques comme Schuiten pour Cuvelier ou Juillard pour Jeff Jones. D’autres encore préfèrent célébrer des proches, comme Lécroart pour Trondheim, Ruppert & Mulot pour Killofer ou Trondheim pour David B.

Planche de David B...
... et son interprétation par Lewis Trondheim.


On peut constater que pour la plupart des auteurs, les choix n’ont pas été au-delà de leur univers graphique (ou géographique) proche. Peu de surprises en fin de compte. La marque d’un certain manque de curiosité pour la majorité des dessinateurs ? A l’instar de leurs confrères européens, les auteurs nord-américains ont en effet pioché dans les œuvres issues de leur continent : le choix de Charles Burns s’est porté sur Chester Gould, celui de Scott McCloud sur Ernie Bushmiller, Jessica Abel sur Milton Caniff, ou Alex Robinson sur Will Eisner.

Une planche de Segar...
... et la version de Florence Cestac.


Les artistes asiatiques invités ont eu moins de chance puisque le fond manga du musée ne dispose pas d’autant de variété que ses équivalents occidentaux. Mais ce handicap leur a permis de s’échapper de leurs références naturelles. On retrouve toutefois sans surprise certains auteurs européens dont la notoriété a traversé les océans. Moebius, Neaud, de Crécy et Uderzo ont ainsi été réinterprétés par Kazuichi Hanawa, Hideji Oda, Lai tat Tat Wing et Doha Kang.
A noter enfin pour la petite histoire que certains auteurs comme Killoffer, Loustal, Menu, Pellejero, Rabaté, Schuiten, Shelton et Trondheim ont l’insigne honneur d’être présents à la fois comme honoré et honorant. Une performance.

Une planche de E. O. Plauen...
...subtilement revisitée par Rabaté.


Au delà de ces considérations d’ordre sociologique, l’exposition "cent pour cent" est extrêmement alléchante par ses différentes facettes et la variété de ses angles d’approche : découverte/redécouverte, patrimoine/modernité, transgression/fidélité.
A travers ces quelques noms (à peine un quart du total), on mesure la qualité du casting et l’ampleur de la tâche pour mener à bien cette exposition qui a la bonne idée de débuter le premier jour du festival d’Angoulême. Elle attirera sans nul doute les foules lors du FIBD et donnera une fameuse impulsion au musée. Que ceux qui n’auront pas l’occasion de se déplacer en Charente pendant ces deux petits mois se rassurent, "cent pour cent" sera itinérant et posera ces cimaises à Bilbao au printemps et à Paris (bibliothèque Forney) à l’automne.

(par Thierry Lemaire)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

"Cent pour cent"
du 28 janvier au 28 mars 2010,
musée de la bande dessinée d’Angoulême.

 
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15 Messages :
  • D’autres encore préfèrent célébrer des proches, comme Lécroart pour Trondheim, Ruppert & Mulot pour Killofer ou Trondheim pour David B.

    C’est le problème avec ceux dit de "la nouvelle bande dessinée", ils marchent en circuit fermé et ne voient que par leurs copains.

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    • Répondu par amateur de trappes le 4 novembre 2009 à  12:04 :

      Ben pourquoi pas finalement. Du moment que l’ambiance reste sympa, joyeuse bande de copains et que ça tourne pas à la nouvelle mode de "casser pour casser" ni à des séances de tirage dans les pattes, je cautionne.
      Ceci dit, l’un des problèmes de rester en circuit fermé, c’est d’entrer dans les "private jokes" auxquelles les lecteurs risquent de n’y rien comprendre.

      Ils ont raison, qu’ils se fassent plaisir avant tout !
       ;-)

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      • Répondu le 5 novembre 2009 à  07:15 :

        Ben voyons. Et vive les népotistes, les oligarches et les fils de Sarkozy... L’ambiance reste sympa, joyeuse bande de copains et pas de tirage dans les pattes...

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    • Répondu par joel le 4 novembre 2009 à  12:42 :

      ha oui pour moi ceux qui dessinent heu non gribouille plus vite que leur ombre !

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    • Répondu par Arnaud le 4 novembre 2009 à  17:10 :

      Le problème avec ceux de "la nouvelle bande dessinée" ?? Qui, ces auteurs là :)) : Cestac ? Rabaté ? Scott Mac cLoud ? Schuiten ? J. Abel ? Loustal ? etc etc Je ne comprends pas cette remarque hors sujet !
      A lire l’article, cette exposition "internationale" très originale propose un dialogue entre patrimoine et création !

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      • Répondu le 4 novembre 2009 à  19:03 :

        Bah apprenez à lire Arnaud, ceux qui "préfèrent célébrer des proches, comme Lécroart pour Trondheim, Ruppert & Mulot pour Killofer ou Trondheim pour David B." C’est clair non ? Il y a les noms.

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        • Répondu le 5 novembre 2009 à  20:20 :

          Il y a les noms, en effet : trois auteurs (sur 100, donc !) ont choisi de rendre hommage à un copain. Ca en fait 97 qui rendent hommage à des auteurs lointains (dans le temps ou géographiquement). Heureusement pour la diversité de l’exposition qu’on a aussi des exemples de dialogues de proches (en plus, le dialogue David B. / Trondheim reproduit ici est savoureux !
          Alors les grognons allez vous coucher et laissez-nous rêver sur cette si prestigieuse affiche. Mazette, quelle exposition !

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  • Pas très convaincants vos exemples. Les interprétations sont toutes moins intéressantes que les pages originales. E.O. Plauen massacré par Rabaté. La page de Breccia et de Mattoti n’ont rien à voir.
    C’est quoi l’intérêt de tout ça ?

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    • Répondu par Oncle Francois le 4 novembre 2009 à  17:44 :

      Voyons voir, il faut être indulgent avec ces jeunes auteurs (quadras ou quinquas, si je ne m’abuse, docteur ?)qui tentent de montrer pour une fois le respect et l’admiration qu’ils éprouvent pour leurs glorieux ainés.

      L’exposition n’étant pas encore ouverte au public lambda, je me contenterai de commenter les exemples proposés dans cet excellent article. Car je suppose (itoire ? arf arf !°)que ces images nous sont données en guise de mise-en-bouche, d’amuse-gueule. De quoi se pourlécher ler les babines, mais que nous propose t’on au juste ?

      Mattotti rend hommage à Breccia. Mais Breccia était le maitre d’une narration moderne en noir et blanc au service d’idées fortes, alors que Mattotti reste un illustrateur de couverture pour Télérama ou pour le Monde. Il parait qu’il a même ouvert récemment une galerie à Paris, pour y vendre ses originaux et ceux de ses amis. Donc il reprend la mise en page de Breccia et propose sa propre interprétation sous forme de blocs de couleurs sans textes.

      Cestac rend hommage à Segar, cela change un peu du Mickey d’Ubi Werks. Mais Segar etait formidablement drole, alors que pour Cestac, il faut que je sois de bonne humeur pour qu’elle m’arrache un sourire.

      Merci à Rabaté pour son interprétation émouvante de la planche de Plauen, dessinateur allemand liquidé par les nazis. Rabaté ne cherche pas à faire le petit malin, il reprend le gag d’un auteur peu connu de façon fidèle. Un véritable et sincère hommage, donc !

      Quand à Le Vice Trondheim, il reprend une page de son copain d’atelier, mais en changeant évidemment le texte. Un exercice proche de l’OUBAPO, pourquoi pas, cet auteur aime les contraintes (celle d’etre parfois drole quand il ne joue pas à l’intello, par exemple). Mais je ne vois pas pourquoi il rendrait un hommage spécial à son voisin d’atelier. Il ferait mieux de relire Hergé, Jacobs et Franquin pour trouver des idées (même si l’accélérateur atomique de son Lapinot est déjà un hommage reconnaissant à cet immense auteur !!)

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      • Répondu le 5 novembre 2009 à  06:57 :

        Merci à Rabaté pour son interprétation émouvante de la planche de Plauen, dessinateur allemand liquidé par les nazis. Rabaté ne cherche pas à faire le petit malin, il reprend le gag d’un auteur peu connu de façon fidèle. Un véritable et sincère hommage, donc !

        Oui mais, la page de E.O. Plauen est tellement belle et intelligente graphiquement que l’interprétation qu’en fait Rabaté semble maladroite. Les cadrages, l’équilibre des noirs et des blancs. L’inventivité du trait. Il ne garde rien. Il n’interprète rien et ne pousse rien plus loin. Au contraire, il édulcore tout. C’est scolaire et maladroit. - ceci dit, l’idée de cette expo est scolaire et maladroite - Je ne vois pas ce qu’il y a d’émouvant à refaire moins bien une page originale. Parce que E.O. Plauen a été une victime de ces salauds de Nazis ? C’est la vie de cet artiste qui est émouvante, pas l’hommage rendu. Et par respect pour E.O. Plauen, je crois que P. Rabaté aurait mieux fait de s’abstenir ou de proposer au musée de faire une expo plus intéressante et plus intelligente que celle-ci, une expo sur E.O. Plauen. Voilà un auteur, humoriste et illustrateur qui mériterait d’être redécouvert. Si un musée de la Bande Dessinée doit servir à quelque chose, c’est à ça, sinon, la BD n’a pas besoin de musée puisqu’elle a déjà des bibliothèques.

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        • Répondu par Oncle Francois le 5 novembre 2009 à  21:13 :

          Admettons le, je me suis mal exprimé un fois de plus, dans l’empressement de la rédaction de mon commentaire. Ce que j’apprécie, c’est surtout que Rabaté ait choisi de rendre hommage à Plauen (un album paru chez Denoel, épuisé de nos jours il me semble). Car là, on a un auteur à la mode, couvert de prix qui choisit de montrer en public son admiration pour un auteur allemand, mort il y a 65 ans, quasiment inconnu des franco belges. Le contraire du copinage consanguin en vogue par ailleurs...tout cela est ridicule : la nouvelle BD indé n’est pas surgie du néant, ses auteurs vedettes ont été nourris, forgés et motivés par les grands auteurs d’antan. Leur oeuvre vient en complément à ce qui a été fait auparavant, et non en opposition, même s’il est bien sûr plus valorisant de déclarer "la BD classique, je trouvais ça ringard, j’ai préféré tout réinventer".

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      • Répondu le 5 novembre 2009 à  07:09 :

        Lewis Trondheim n’aime pas les contraintes. Ce qu’aime Lewis, c’est trouver comment répondre à la contrainte qu’on lui impose en la contournant. Il est malin, la preuve, il arrive à tromper son monde en faisant croire qu’il aime les contraintes...

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        • Répondu par Oncle Francois le 5 novembre 2009 à  22:34 :

          Oui , Laurent le-vice est paradoxal, il est vrai.... c’est ce qui fait son charme. Honnètement s’il pondait depuis 20 ans des "bleus" et autres "nouvelle pornographie", il n’aurait pas eu tant de prix. Et sa belle maison du Sud, c’est grace à Donjon et à Lapinot qu’il l’a payée !! des oeuvres lisibles tout public, tout terrain.

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  • Une expo événement pour le musée de la BD en 2010
    5 novembre 2009 15:45, par Eric T

    Cette exposition fera-t-elle l’objet d’un livre rassemblant les duos de planches en regard l’une de l’autre ? Ca serait une bonne idée.

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