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Une nouvelle polémique entre Stéphane Steeman et les Studios Hergé

Par Nicolas Anspach le 16 mars 2007                      Lien  
Dans son édition du vendredi 16 mars 2006, le quotidien belge {Le Soir} nous apprend que la relation entre l’humoriste {{Stéphane Steeman}} et {{Nick Rodwell}} s'est particulièrement dégradée ces temps-ci.

Stéphane Steeman, ex-grand collectionneur de l’univers d’Hergé et une personnalité bien connue des téléspectateurs belges, se plaint de ne pas être convié à participer à l’émission d’hommage que la RTBF (la télévision nationale belge) consacrera à Hergé le 22 mai prochain. L’humoriste met clairement en cause Nick Rodwell, le second mari de Fanny Vlaminckx, la veuve d’Hergé. « Nick Rodwell prend la RTBF en otage, tonne Stéphane Steeman dans les colonnes du Soir. On m’empêche d’exercer mon métier d’artiste ! Je suis choqué ! ». L’humoriste pense faire partie d’une liste noire où s’inscriraient déjà les noms de Benoît Peeters et d’Albert Algoud, apparemment eux aussi écartés de l’antenne de France 2 lors de l’inauguration de l’exposition Hergé à Paris.

Nick Rodwell répond que la RTBF devait faire des choix parmi une liste d’une cinquantaine de personnalités. « Il n’y a que Steeman qui n’est pas content, confie Nick Rodwell au Soir, et qui tente de manipuler les médias parce qu’il voudrait être le seul à pouvoir parler de Tintin. Mais ce n’est pas son centenaire qu’on fête, que je sache... ». Le directeur des antennes de la RTBF, Yves Bigot, confirme que l’émission se fait avec l’étroite collaboration des ayant-droits d’Hergé. « On parle beaucoup de Moulinsart, confie-t-il, mais pour l’émission sur [le chanteur belge Pierre] Rapsat, c’est la même chose : il y a des gens que sa veuve ne souhaite pas voir sur le plateau ». En clair, la célébration ne saurait être entachée de la moindre critique négative.

Nick Rodwell minimise l’importance de Stéphane Steeman, pourtant depuis de longues années un propagandiste de l’oeuvre d’Hergé, par ailleurs le président de l’Association des Amis d’Hergé. Il évoque même la possibilité de vendre la collection que la Fondation Hergé lui a achetée, il y a une dizaine d’années, pour l’exposer dans le futur « Musée Hergé ». « Avec le centenaire de Hergé, nous entrons dans l’ère de l’après-Steeman, argumente le timonier de Moulinsart. Pour le signifier clairement, j’envisage de revendre cette collection », sans doute pour conforter l’idée que la fièvre collectionneuse autour de l’oeuvre d’Hergé a plutôt tendance à la tirer vers le bas, plutôt que de la magnifier. Entre les défenseurs des mânes du créateur de Tintin, ça tire à boulets rouges, tonnerre de Brest !

Commencée il y a dix ans avec une conférence de presse relayée par les Inrockuptibles, la "philippique" de certains exégètes de l’oeuvre d’Hergé contre la gouvernance rodwélienne de l’oeuvre semble encore vivre aujourd’hui quelques répliques. Ainsi, récemment encore, lors de la Foire du Livre de Bruxelles, plusieurs spécialistes devaient parler du travail d’Hergé lors d’un débat. Philippe Goddin, auteur d’une biographie d’Hergé à paraître chez Moulinsart, devait représenter les Studios Hergé (nouvelle dénomination de la Fondation Hergé) et Moulinsart face à Benoît Peeters, également biographe du maître de l’Ecole de Bruxelles (chez Flammarion). Le journaliste Olivier Delcroix devait également faire partie du plateau des intervenants. Goddin a annulé sa participation au débat à la dernière minute, s’apercevant, dit-on, que Peeters, le « blacklisté de Moulinsart », était présent. Il a remplacé au pied levé dans ce débat animé par Thierry Bellefroid par... Pierre Sterckx, qui fut pourtant lui aussi un moment en disgrâce au "château".

Alors que l’on célèbre le centenaire d’Hergé, ne faudrait-il pas enterrer une bonne fois pour toute la hache de guerre ? Le procès fait à Nick Rodwell ces dernières années a perdu une bonne part de son fondement : le Musée Tintin est toujours sur les rails, le film qui sera produit par Spielberg a plus de chances qu’hier de se faire, et les différentes initiatives autour de l’oeuvre d’Hergé comme le « festival Tintin » en 2005 ont plutôt suscité une satisfaction du public. Les livres d’étude publiés par Moulinsart sont de très bonne facture et constants dans la qualité.

On se demande qui sera le plus vite lassé de cette géguerre : Les gestionnaires de l’oeuvre d’Hergé, leurs détracteurs ou... le public ?

(par Nicolas Anspach)

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Code EAN :

En médaillon : "Hergé autrement", un livre de Stéphane Steeman paru aux éditions Luc Pire.

 
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5 Messages :
  • TINTIN, AU SECOURS !!!
    Mon cher Oncle, entends-tu dans le céleste paradis des artistes monter vers toi cette nouvelle et attristante querelle ? Je souhaite infiniment que les bassesses que s’échangent ceux qui revendiquent avec tant d’aplomb ton héritage, ne perturbent en rien les agréables conversations que tu dois sans aucun doute partager sereinement avec Franquin et d’autres "grands" artistes… Làs, tous ces rêves merveilleux que tu nous a écrit et dessiné font ici bas l’objet de convoitises affligeantes. D’un côté, un homme d’affaires faussement affable et prodigieusement âpre au gain, de l’autre, un grand collectionneur maître en pirouettes revendiquant la virginité absolue de sa passion. L’un et l’autre sont persuadés, dur comme fer, d’être l’exclusif récipiendaire de ton talent. Qu’ils sont donc pathétiques ces compères s’arrachant les lambeaux de ton oeuvre. Avant-hier opposés poliment, hier presque amis, aujourd’hui prêts à en découdre… Honnêtement, cher oncle, je préférais - et de loin - Rastapopoulos et Séraphin Lampion… A bientôt…
    Ton neveu et filleul.

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    • Répondu par Ch’R le 9 janvier 2010 à  16:02 :

      Voilà une triste réalité parfaitement cernée et exprimée en quelques lignes. Bravo Monsieur pour la lucidité et le talent !

      Seul l’avenir nous apprendra si, en Belgique, prononcer le mot "Tintin" constituera délit et objet de représailles.

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  • Le public se lasse, en effet... Tu as raison, Nicolas, malgré une bonne dose de megalomanie et certaines erreurs comme le "upscaling" du merchandising (désolé pour tout ce franglais ;-)) autour de l’oeuvre, Nick Rodwell semble bien avoir mis Tintin sur les rails du XXIe siècle tel qu’il est (donc, orienté profit & marketing) et non tel qu’il est rêvé. Cela ne lui mérite probablement pas des applaudissements nourris, mais certainement pas non plus du mépris. J’avoue que le Musée Hergé et le film de Spielberg m’ont fait revoir (à la hausse) mon sentiment sur Rodwell : c’est un bon gestionnaire.

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  • Désolé de jouer les rabats joie, mais : le Musée Hergé, depuis le temps qu’il en est question... Le film par Spielberg : un vieux, très vieux serpent de mer, qui refait surface régulièrement... Alors, dire que les choses s’arrangent à Moulinsart, c’est un peu hâtif je trouve.

    Qu’avons nous réellement : du flicage sur Internet pour pouvoir parler de Tintin (cf. la fermeture de Tintin Parodies), des produits dérivés à la pelle (cf. les voitures chez Atlas), des albums petits formats, la valisette et différents ouvrages sur l’oeuvre... Soit, mais certains projets n’auraient-ils pas mérité la priorité là-dessus ?

    Par exemple :

    * les fac-similés des Editions Originales, qui auraient pu être plus soignés quant au respect du texte original et des couvertures

    * les fac-similés des strips parus dans la presse. Jusqu’à présent, qu’avons-nous ? La version du "Temple du Soleil" parue dans "Le Journal de Tintin" (dans une réédition aux couleurs calamiteuses) et la version du "Secret de la Licorne" parue dans "Le Soir", passée totalement sous-silence. Quand on sait la masse de matière disponible, et que les seuls moyens de la découvrir restent les albums pirates et la collection des publications originales, n’y a-t-il pas de quoi être déçu ?

    * les ouvrages sur Hergé et son oeuvre : là effectement, il y a foison chez Moulinsart, mais curieusement le projet le plus intéressant graphiquement, à savoir "Chronologie d’une oeuvre" par Ph. Goddin semble en suspend si ce n’est abandonné. Or, je crois pourtant que nombre des fans de Hergé auraient donné la priorité à cette superbe réalisation qui nous a permis de découvrir de nombreux dessins inconnus et d’être plus près de la génèse des albums...

    Je pourrais continuer ainsi longtemps, mais désolé, je crois hélas que le lectorat de Tintin a bien des raisons d’être déçu par Moulinsart.

    Jean-Marc (tombé dans Tintin quand il était petit)

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  • Pour le film "Tintin" réalisé par Spielberg, ce serai une utopie de croire qu’il y metterais la main à la patte.
    Les studio dreamworks produiront très probablement le film, mais le réalisateur de "Jaws", laissera certainement la besogne à un de ses bras droits.
    Pour compenser la promo du film, nous verrons le nom de Spielberg en gros sur l’affiche et en tout petit "Produit par"

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