En juillet 2008, Stéphane Oiry nous confiait vouloir reprendre les Pieds Nickelés avec son complice Trap. Il était alors en train de boucler un dossier et espérait qu’il serait suffisamment convaincant pour leur permettre ce "hold-up" et réaliser son fantasme.
C’est en lisant notre interview de Stéphane Oiry qu’Elisabeth Haroche, éditrice aux éditions Delcourt, lui a demandé de lui envoyer le scénario et les recherches graphiques pour ce projet. Pas si mal logé !, le premier tome des Nouvelles aventures des Pieds Nickelés vient de paraître chez Delcourt. Les auteurs ont inventé trois histoires courtes se succédant les unes au autres pour former une aventure de 30 pages.
Les Pieds Nickelés ont été inventé par Louis Forton en mai 1908 pour le journal L’Épatant des éditions des frères Offenstadt. Cette série met en scène Croquignol, Filochard et Ribouldingue, des escrocs gaffeurs appréciant l’esbroufe.
Plusieurs scénaristes et dessinateurs se sont succédé au fil du siècle dernier pour animer ces personnages franchouillards. La série doit beaucoup à Pellos qui la dessina entre 1948 et 1981, les meilleurs scénarios étant attribués à Montaubert. Quelques auteurs ont tenté par après de donner une nouvelle vie aux trois escrocs parmi lesquels Jean-Louis Pesch (Bec-en-Fer, Sylvain & Sylvette). Le succès n’était hélas pas au rendez-vous, si bien qu’aucun éditeur ne s’était intéressé à cette série ces dernières années, excepté les éditions Vents d’Ouest et Henri Veyrier qui rééditèrent une partie des histoires existantes. Pourtant, les Pieds Nickelés étaient restés très présents dans la mémoire collective, au point qu’un film tiré de leurs aventures est encore en cours de développement.
Cent-un ans après leur création, Les Pieds Nickelés sont libres de droit. Stéphane Oiry et Trap n’ont pas pu résister à réaliser ce « hold-up ». Dans « Pas si mal logés ! », le premier tome de leurs nouvelles aventures, nos trois zigotos sont confrontés à la crise du logement. Croquignol sort d’un séjour en prison et n’a qu’une seule idée en tête : s’enfiler un demi derrière la cravate pour apaiser son gosier. Il retrouve ses deux compères dans un troquet et les rejoint dans leur piaule, un immeuble abandonné. À peine installé, leur squat prend l’eau. Des entrepreneurs démolissent leur logement de fortune. Véritable as de la débrouille, les trois escrocs fauchés se réfugient dans une laverie automatique. Ils décident de s’y incruster et de la transformer illico en un hébergement pour noctambules qu’ils appellent le « Lave Hôtel ». Au grand étonnement de certains couche-tard, qui y voient un « Love Hôtel » ! Les trois filous se feront rapidement éjecter, mais leur bonne étoile les mènera jusqu’à … l’Hôtel de Ville
Stéphane Oiry et Trap ont pris le parti de placer les nouvelles aventures des Pieds Nickelés dans notre monde actuel. Le côté décalé de ces trois escrocs, qui vivent au jour le jour, de squat en squat, en est d’autant plus renforcé. L’un des charmes de cette reprise réside dans les dialogues écrit par Oiry et Trap. Jeux de mots potaches et autres calembours argotiques se succèdent aussi vite que les breuvages dans le gosier de nos trois loustics paresseux.
Stéphane Oiry a simplifié son trait et allégé son encrage pour endosser un style faussement suranné. Sa manière colle parfaitement à ces histoires dont les ambiances allient passé et modernisme. Des choix graphiques renforcés par les effets de trames et la mise en couleur minimaliste aux confins de la quadrichromie. Les Pieds Nickelés reviendront prochainement dans un récit au titre allécant : Bio-Profiteurs, où Ribouldingue devenu allergique à l’alcool se convertit au « bio » pour continuer à boire.
Une reprise est sympathique qui offre avec talent une troisième une troisième vie aux trio d’escrocs le plus célèbre du 9ème art.
(par Nicolas Anspach)
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Lire un article de Didier Pasamonik sur le centenaire des Pieds Nickelés
Lien vers le blog de Stéphane Oiry
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Illustrations (c) Oiry, Trap & Delcourt.
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