Devant l’album de Valérian par Larcenet : L’Armure du Jakolass, l’amateur de BD reste interdit. Que peut-il bien en ressortir ?
Comment le scénario cérébral de Pierre Christin, aux développements (surtout ces dernières années) quasiment philosophiques va-t-il être interprété par un humoriste expert en vinasseries et autres brèves de comptoir (racistes pour rire, forcément) ?
Comment le trait élégant du pinceau de Mézières va-t-il se retrouver traduit par la ligne cradingue du dessinateur de Chez Francisque ? L’effet de surprise a été savamment entretenu, à coup d’oukases et de crises de nerfs…
L’amateur de Larcenet ne sera pas déçu. Le punk des pâturages nous réussit un brillant numéro de comédie humaine, où la loufoquerie n’a d’égale que l’insondable bêtise des protagonistes, en même temps qu’il nous déconstruit les stéréotypes de la série originale, ce qui lui évite l’accusation de fan service.
L’amateur de Valérian et Laureline, en revanche, n’y retrouvera pas les courbes sensuelles de l’héroïne dans son élégante combinaison d’astronaute façon Courrèges, ni le charmant minois un peu empoté de Valérian.
Avec la permission des créateurs, Dargaud nous offre ici une déclinaison comparable à la série « Spirou par… » chez Dupuis qui réinvente des œuvres classiques avec des créateurs au trait plus contemporain.
Contrairement à ce que Bravo avait réussi à faire avec le groom, nous ne sommes pas dans le ré-enchantement du mythe de Valérian. Nous sommes dans une bonne blague de comptoir bien grasse que l’on peut conclure d’un rot.
Cela va plaire, pour sûr.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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