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Vanyda ("Celle que ...") : « Raconter le quotidien est ce que je fais le plus naturellement. »

Par Nicolas Anspach le 21 décembre 2011                      Lien  
Après le très remarqué {L’Immeuble d’en face} (Ed. La Boîte à bulles), {{Vanyda}} fait son entrée chez Dargaud avec la chronique au quotidien d’une adolescente développée en trois albums. Vanyda nous plonge dans l’intimité de Valentine, un personnage qui apprend à mieux se connaître et à s’affirmer au contact des autres. Une œuvre sensible et délicate.

Vanyda ("Celle que ...") : « Raconter le quotidien est ce que je fais le plus naturellement. »Comment est née cette trilogie, « Celle que … » ?

Lors de mes études aux Beaux-arts de Tournai, j’ai créé le personnage de Valentine que je reprends dans cette histoire. On nous avait proposé un thème sur le sujet sur l’enfance et l’adolescence. Ce personnage est resté dans ma mémoire et j’ai toujours eu envie de l’étoffer. En 2004, les éditions Dargaud m’ont demandé de leur présenter un projet. Je leur ai parlé de Valentine… J’avais pris beaucoup de notes sur l’adolescence. J’ai utilisé mes expériences personnelles et celles d’amis pour construire cette histoire et ses atmosphères. Chaque titre a pour cadre une année scolaire. Valentine est confrontée à des événements qui la font évoluer. Elle rencontre de nouvelles personnes à chaque album et s’y fait de nouveaux amis...

Pourquoi ce personnage un peu déprimé ?

Elle n’est pas déprimée, juste un peu mal dans sa peau. C’est le lot commun de nombreux adolescents, me semble-t-il. Par contre, j’en ai volontiers fait un personnage timide dans le premier album. Elle s’affranchit peu à peu de cela…

Avez-vous eu des réactions d’adolescents ?

Bien sûr. Les adolescents timides m’adressent des mails. J’en rencontre quelques-uns en dédicace, mais ils ne me parlent pas. Certains anciens timides se retrouvent totalement dans le personnage de Valentine. Ils me parlent de leurs relations et du fait qu’ils se sont retrouvés avec des amitiés « par défaut ». Leurs amis vivaient le même malaise qu’eux, et finalement ils ne se correspondaient pas vraiment ! C’est un thème universel…

La série met en scène une adolescente, mais je ne voulais pas toucher un public particulier, que cela soit les garçons ou les filles. Je désirais simplement raconter une histoire sur cette période-là. Le public s’y est retrouvé.

Extrait du T3 de "Celle que ..."

Que cela soit dans L’Immeuble d’en face ou dans « Celle que … », on a l’impression que vous désirez avant tout parler d’émotions, de ressentis, des petits riens de la vie quotidienne.

Ce sont avant tout les relations entre les personnages que j’ai envie de raconter. Comment s’influence-t-on les uns les autres ? Comment vit-on au quotidien en ayant une vie normale ? C’est-à-dire en n’étant pas dans l’aventure ou dans des situations exacerbées. J’ai beaucoup de facilité à aborder ces situations. C’est l’inverse qui me semblerait compliqué. Je ne pourrais pas faire un récit d’aventure, sans être aidée par un autre scénariste. Raconter le quotidien est ce que je sais faire le plus naturellement !

L’immeuble d’En face à été nominé à Angoulême.

Oui. Avant d’être édité par La Boîte à Bulles, j’avais publié le premier tome artisanalement. Nous nous déplacions dans les conventions, dans les festivals pour le présenter. J’ai effectivement été nominée deux fois pour L’Immeuble d’en face, sans jamais recevoir de prix. Mais ces nominations ont changé le regard des éditeurs par rapport à mon travail. Ce qui me laissait beaucoup plus de liberté.

Vous remerciez dans l’album Valentine. Est-ce que vous considérez que votre personnage est vivant ?

Effectivement. C’est un peu un enfant que je vais laisser grandir. Les lecteurs mettent beaucoup d’eux et font aussi vivre le personnage en lisant les livres. Je la leur confie. Ils en feront ce qu’ils en voudront …

J’éprouve à la fois de la tristesse de la quitter, et de la joie. Je suis heureuse de passer à autre chose. Je commence à avoir de la nostalgie par rapport à Valentine, comme avec les personnages de L’Immeuble d’en face. Mais j’ai envie de passer à autre chose.

Extrait du T3 de "Celle que ..."

Justement, quels sont vos projets ?

Je prépare un recueil d’histoires d’amour. Il s’agira d’histoires courtes mettant en scènes des personnages dont les parcours s’entrecroiseront ! J’ai également un projet avec Jean-Luc Cornette. Nous sommes partis dernièrement au Laos pour nous documenter.

Votre graphisme est imprégné des codes du manga. Quels sont vos maîtres ? Quelles sont les séries qui vous ont donné envie de dessiner ?

J’ai plutôt été influencé par les dessins animés qui passaient à la télévision lorsque j’étais enfant ou adolescente. À l’époque, les mangas n’étaient pas encore traduits en français. J’ai donc adoré Les Chevaliers du Zodiaque, Les Samouraïs de l’éternel ou encore Olive et Tom. Je dois vous avouer que je me suis même mis au football après avoir découvert ce dernier dessin animé. J’ai commencé à dessiner très tôt, vers six ans. À dix ans, j’ai commis ma deuxième BD, une sorte de mélange entre Thorgal et des personnages issus de l’animation japonaise (Rires).

Votre graphisme est influencé par les codes du manga. Ne recherchez-vous pas également une forme d’épure ?

Il y a à la fois un souci d’esthétique, de lisibilité, et une rapidité d’exécution, car j’ai beaucoup de pages à faire. Par contre, la publication en noir et blanc était une volonté de ma part pour ces raisons-là.

Il y a-t-il un livre qui vous a particulièrement marqué ?

« Pourquoi je déteste Saturne » de Kyle Baker que j’ai découvert aux Beaux-arts. J’ai particulièrement apprécié son travail sur les dialogues. Il avait écrit ce que je voulais faire… J’ai ressenti la même impression en lisant Les Yeux à vif d’Adrian Tomine.

Vanyda, à "Quai Des Bulles"
(c) Nicolas Anspach

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Photos : (c) Nicolas Anspach
Illustrations : (c) Vanyda & Dargaud.

 
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10 Messages :
  • C’est voulu, le titre collé au personnage ou bien c’est le même (mauvais) maquettiste qui sévit partout en ce moment ?
    Sinon, série attachante et joli dessin. Une bouffée d’air frais.

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    • Répondu le 21 décembre 2011 à  14:43 :

      La composition fonctionne parce que le sac est collé à son pied et que sa main est coupée. Du coup, tout est collé et décentré à gauche.

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    • Répondu par Pat le 21 décembre 2011 à  16:41 :

      Qui a décidé qu’il n’y avait qu’une façon de faire une maquette ? Vous ? On chevauche si on veut, on colle si on veut, on passe derrière ou devant si on veut, bref on fait ce qu’on veut. Là elle est très bien cette maquette. Le boulot de Vanyda est formidable, elle donne une psychologie subtile à ses personnages, c’est très fort.

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  • Vanyda dessine de mieux en mieux, même si son style est un peu impersonnel.

    Par contre la couverture est un peu ratée, et il ne faut pas laisser faire le graphisme par des stagiaires. Ce "C" collé au personnage est une faute indigne.

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    • Répondu par Bakounine le 22 décembre 2011 à  10:14 :

      En tout cas, si c’est le travail d’un stagiaire, il est plus subtil que vous et promet de faire une belle carrière de graphiste. Elle est parfaite cette couverture.

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      • Répondu le 22 décembre 2011 à  10:32 :

        Votre réflexion de défense n’oppose aucun argument. Non, cette couverture n’est pas subtile mais totalement ratée :

        - main absente du personnage, position niaise
        - typos choisies donnant une sensation un peu mièvres

        - couleurs fades et écoeurantes

        - placements de typos jouant sur des effets ringards (graphismes ratés des années 90)

        - erreur de placement du C majuscule touchant l’épaule du personnage, l’effleurant plutôt, ce qui crée quelque chose d’instable et de non franc :soit on mord, soit on ne mord pas.

        - etc...

        Ce travail de graphisme n’est même pas niveau de prépa en école d’art.

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        • Répondu par JLV le 22 décembre 2011 à  15:33 :

          Je pense que vous êtes un ringard resté bloqué quelques dizaines d’années en arrière."position niaise" "typos mièvres" "couleurs fades et écoeurantes", ce n’est que votre rensenti de vieillard qui n’est pas dans la cible. Qui a décidé qu’il n’y avait qu’une façon de faire une maquette ? Vous ? On chevauche si on veut, on colle si on veut, on passe derrière ou devant si on veut, bref on fait ce qu’on veut. Cette maquette est parfaitement efficace.

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          • Répondu par V.R. le 23 décembre 2011 à  00:11 :

            En gros, à chacun ses goûts et ses couleurs... Chacun y fait ce qui veut. Il y a avait déjà ce discours il y a dix ans, sûrement aussi il y a 20 ans. Vous feriez rire une majorité de graphistes avec vos propos.

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