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Vin, gloire et bonté - Par I. Bunisset et G. Liotti - Glénat

Par Tristan MARTINE le 24 juillet 2015                      Lien  
Un portrait au vinaigre du petit monde de la vigne bordelaise. Annabelle, en dépression suite à un divorce douloureux,travaillant dans un journal dirigé par son père, parisienne jusqu’au bout de ses Louboutin, est envoyée en reportage à Bordeaux pour rédiger un gros dossier sur le vignoble bordelais, alors qu’elle ne connaît strictement rien au vin.

Cette histoire, qui manque d’une véritable fin, est une fresque du milieu élitiste de la vigne bordelaise. Ne vous attendez pas à un portrait précis et nuancé, comme a pu le faire Davodeau avec ses Ignorants. On est ici plus proche de la finesse du Diable s’habille en Prada, avec une caricature de parisienne girly-snob-dépressive. Le monde des vignes est lui aussi décrit sans nuance et les auteurs assument la caricature, qu’il ne faut pas trop prendre au pied de la lettre.

Ce portrait entreprend de relever toutes les « vacheries » propres au milieu bordelais, tout en en adressant quelques-unes à la ville d’Alain Juppé : « Dans la société bordelaise, rien ne fait autant d’effet qu’une bonne vacherie… Aussitôt, tout le monde a l’impression d’être en famille ! On est de la famille ou pas… On naît bordelais, on ne le devient pas  ! […] La règle est simple chez ces gens-là : trouver quelqu’un pas trop proche de la personne calomniée pour ne pas donner l’impression de trahir, mais pas trop éloignée non plus pour qu’il comprenne tout de même de qui on parle, et qui saura ainsi apprécier le cadeau qu’on lui fait  ! ».

Vin, gloire et bonté - Par I. Bunisset et G. Liotti - Glénat

Pour transposer cela, les auteurs utilisent abondamment le procédé des pensées intérieures. Dans une même case, au-dessus du personnage, se trouvent la bulle dans laquelle il s’exprime à haute voix, et en-dessous la bulle de ses pensées, généralement en totale contradiction l’une avec l’autre. Mais ce procédé, assez original et amusant dans un premier temps, est ici trop utilisé et l’on finit par s’en lasser.

Cette satire de la « noblesse du bouchon », comme l’appelait François Mauriac, n’est pas désagréable à lire. La scénariste, Isabelle Bunisset, a manifestement mis beaucoup de son vécu de chroniqueuse viticole au Figaro Magazine et d’auteure de livres sur le vin ou le cannelé dans cette histoire. Le dessin de l’italien Giuseppe Liotti, vainqueur en 2007 du prix Raymond Leblanc, est un peu figé, mais son travail à l’encre donne un rendu en noir et blanc assez élégant.

Le problème réside finalement dans le ton qui oscille, de manière assez déroutante, entre parodie caricaturale et critique sévère d’un milieu social. Ce n’est pas un grand cru que cette bande dessinée, trop rapide en bouche, ne laissant que peu d’arrière-goût, mais qui est assez léger et que l’on recommande pour un moment de détente estivale.

(par Tristan MARTINE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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