Né en 1928 à Bruxelles, Pierre Culliford suit les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, avant d’entrer en 1945 dans un studio de dessin animé. Ce studio d’animation ne fait pas long feu, mais Pierre, qui signe Peyo - déformation enfantine de Pierrot- y fait des rencontres essentielles : celles d’André Franquin, de Morris et d’Eddy Paape.
Il fait ses premières armes dans la publicité et dans plusieurs quotidiens belges comme La Dernière Heure ou Le Soir qui accueillent ses premières bandes dessinées : Poussy, un chaton espiègle, et Johan, vaillant page du roi dans un Moyen-âge de fantaisie.
En 1952, Peyo entre au Journal de Spirou où il retrouve ses amis Franquin et Morris. Il améliore sa série médiévale qui s’enrichit d’un second personnage fantasque qui rapidement vole la vedette au héros. « Johan et Pirlouit » vivent leurs premières aventures et s’imposent comme un des rendez-vous préférés des lecteurs.
En 1958, il imagine un épisode mettant en scène des petits lutins bleus : « La Flûte à Six Schtroumpfs ». Encouragé par Yvan Delporte, le rédacteur en chef du journal, Peyo commence à leur faire vivre des aventures indépendantes, d’abord dans des mini-récits, format qui colle à leur gabarit, puis avec des aventures au long cours.
Mais son appétit de raconteur d’histoire n’est pas rassasié. En 1960, il démarre « Benoît Brisefer », comédie d’aventure mettant en scène un petit garçon à la force herculéenne, sauf quand il est enrhumé. Enthousiaste, il relance « Poussy », créé dix ans auparavant et lance les aventures de « Jacky et Célestin ».
Rapidement, Peyo est submergé par le travail et la popularité grandissante des Schtroumpfs. Il s’entoure de jeunes collaborateurs qui vont l’aider à mener de front ces multiples séries. La plupart feront carrière : François Walthéry, Derib, Gos, [De Gieter, Wasterlain,...
Alors que « Johan et Pirlouit » sont clairement ses fils préférés, Peyo doit progressivement les laisser de côté, totalement absorbés par la Schtroumpfmania. Elle atteint son apogée dans les années 1980, lorsque le célèbre studio Hanna Barbera lance la production d’une série de dessins animés qui vont inonder les télévisions du monde entier et asseoir définitivement la popularité des personnages. Peyo, piètre anglophone, engage Yvan Delporte, parfaitement bilingue et déjà co-scénariste de nombre de ses albums, pour l’accompagner dans cette aventure américaine.
Peyo sortira lessivé de cette folle décennie et décédera à 64 ans d’une crise cardiaque. Aujourd’hui, l’héritage de Peyo reste bien vivace et extrêmement populaire, du fait de nouveautés éditoriales régulières et composées respectueusement par le Studio Peyo, de la foule de jouets disponibles, de produits dérivés variés et d’une toute récente adaptation cinématographique.
Le film live sorti à l’été 2011, a connu un phénoménal succès populaire, même s’il piétinait allégrement les volontés de Peyo, pour qui « Les Schtroumpfs ne vivent pas à New York, ne mâchent pas de chewing gum, ni ne boivent de soda... ».
Se replonger dans un album de Peyo reste une expérience de lecture à nulle autre pareille. Vingt ans après la disparition de ce formidable créateur, il est essentiel de le rappeler.
(par Morgan Di Salvia)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Pour connaître en détails la vie de Peyo, nous renvoyons à deux ouvrages de référence :
Peyo l’enchanteur- Par Hugues Dayez - Éditions Niffle (2003)
Toutes les illustrations sont © Peyo - IMPS - Dupuis
Photo en médaillon © DR - Editions Dupuis
Participez à la discussion