A mi-parcours de Bruxelles BD 2009, cette matinée a fait baisser d’un ton les griefs entendus récemment à propos du Centre Belge de la Bande Dessinée ! C’est en grandes pompes, qu’Albert II, roi des Belges, a visité le nouveau Musée Marc Sleen en présence, fait exceptionnel, de Marc Sleen himself, avant de se rendre au Centre, et d’en faire le tour afin de se faire expliquer les futurs projets de rénovation.
Créé par la Fondation Marc Sleen, elle-même vigoureusement soutenue par M Vanhengel, ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé des finances, du budget, des relations extérieures et de l’informatique, le Musée Marc Sleen ouvre ses portes rue des Sables, en face du Centre Belge, dans un bâtiment classé à quelques mètres d’où l’auteur lui-même a travaillé lors qu’il œuvrait au quotidien flamand De Nieuwe Gids.
C’est à cet endroit en effet que naquit en 1947 Néron, le héros principal de Sleen, auteur de plus de 200 albums, et de toute une galerie de personnages hauts en couleurs.
Ce musée est d’ailleurs à l’image de l’œuvre de Sleen : petit par la taille, mais surprenant dans son contenu, offrant de quoi contenter aussi bien les fans de la première heure avec des originaux rares que les novices qui peuvent y découvrir les bandes de cet auteur pas comme les autres.
À travers une biographie exhaustive, mais surtout une galerie de personnages au caractère racé, Sleen y dévoile toute la palette de son talent, d’un humour profondément absurde mais en même temps pétri d’observation, avec le sens du trait piquant qui caractérise le dessinateur de presse, l’égal en Flandre d’un Cabu, par exemple.
Le sous-sol sera consacré à de futurs ateliers créatifs, mais 70 m² seront aussi spécialement utilisés à l’entreposage des quinze mille planches et dessins originaux de Marc Sleen dans une chambre forte conçue à ce effet. Ce sera donc le haut lieu de la préservation des documents de la Fondation Marc Sleen.
Si le rez-de-chaussée accueille l’exposition permanente, retraçant la carrière de l’auteur, ses bandes principales et ses personnages les plus caractéristiques dans une scénographie simple, mais ludique, le premier étage, en revanche, se compose d’un corridor suspendu où des documents originaux sont présentés selon une logique thématique.
Encore deux points important à souligner : la superbe fresque ’extérieure’ qui utilise les châssis des fenêtres pour représenter les cases de BD, et surtout le prix démocratique, car il n’en coûtera que 2,50 € au visiteur adulte, et un euro symbolique pour un billet groupé avec la visite du CBBD.
À la fin de cette inauguration, Sa Majesté reçut, des mains même de son auteur et du ministre Vanhengel, une planche originale de Néron, mais également les albums français et flamands d’une de ses dernières aventures, se déroulant bien entendu dans la rue des Sables. Lorsque le ministre lui indiqua que cela ferait de la lecture pour ses petits-enfants, Albert II lui répliqua : « Pour mes petits-enfants ... ? Ah non, je les conserve pour moi ! », ce qui eut le don de faire rire l’assemblée.
Soutenant Marc Sleen (bien que vaillant, le dessinateur accuse quand même 87 ans), le roi n’eut qu’à traverser la rue pour entrer au CBBD, se faisant accueillir par son directeur, Jean Auquier. Entouré de Ferry et de Guy Dessicy, respectivement vice-président et président du Centre, l’équipage fit un arrêt devant la photo de SM le roi Baudouin, qui avait naguère inauguré le CBBD il y a presque 20 ans.
L’expo temporaire en cours actuellement au Centre est dédié à l’Arithmétique de Troy [1] issue du monde de Didier Tarquin & Christophe Arleston, un univers pas vraiment en relation avec la quasi Ligne Claire de Marc Sleen. La personne royale ne s’en offusqua pas le moins du monde, écoutant ses guides avec application, découvrant un royaume, l’Heroïc Fantasy, qu’il ne connaissait guère.
Le roi reçut des responsables du centre, une sculpture d’Aroutcheff, représentant Gil Jourdan, le héros de Maurice Tillieux, bondissant sur sa BMW (photo en médaillon). C’était là l’occasion de saluer le goût d’Albert II pour la moto. Mais, observant mleodèle et l’époque de l’engin, le roi fit cette auguste remarque : « Mon père a eu plus l’occasion de rouler sur ce bolide que moi, mais le plaisir n’en est pas diminué ! »
Au travers de ses diverses explications, Jean Auquier confia au roi que le Centre venait de battre deux fois de suite son record mensuel, en accueillant successivement 20.000 visiteurs en avril et en mai, et qu’il ne s’était donc jamais aussi bien porté.
Il lui confia nourrir de grands projets à venir, concernant les expositions, le service aux auteurs et la conservation patrimoniale des œuvres dont le Centre a la charge.
Nous n’en saurons pas plus pour l’instant, mais tous les détails vous seront dévoilés à l’automne, pour la grande rénovation du CBBD qui fêtera officiellement son vingtième anniversaire. "Nous avons maintenant reconstruit un socle stable, et nous vous promettons de grands changements dans les mois qui vont suivre", nous promet Jean Auquier.
(par Charles-Louis Detournay)
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Les photographies sont © CL Detournay, et ne peuvent être utilisées ou reproduites sans autorisation préalable de l’auteur. Illustration : © Marc Sleen et Standaard Uitgeverij.
[1] Nous en reparlerons en détails prochainement.
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