Habiles conteurs, Xavier Dorison et Fabien Nury savent qu’il est important de laisser dans leurs histoires des indices qui peuvent générer une nouvelle intrigue plus tard. Les lecteurs de W.E.S.T. auront compris en refermant les deux premiers cycles que Morton Chapel cache un étrange secret. Dorison et Nury ont décidé de s’en servir pour cette nouvelle aventure. L’heure est donc venue pour Morton Chapel d’affronter ses fantômes !
La fille de Morton, Megan, est enfermée dans un mutisme profond depuis son enfance. Elle est incapable de communiquer tant de manière orale, que gestuelle. La jeune femme est si éteinte que son père a été obligé de la placer dans un institut spécialisé. Même si Morton est miné par l’état de sa fille, il refuse qu’une thérapie de choc par les nouvelles techniques soit menée pour sauver sa fille. Morton explique à un psychiatre l’origine du mal qui a plongé sa fille dans cette léthargie. La mère de Megan avait reçu un don de ses aïeuls : celui de guérir les gens en leur apposant les mains. Mais plus elle faisait usage de ce don, plus son comportement devenait ombrageux. Un démon, appelé Seth, la possédait. À la mort tragique de la femme de Morton, Seth a quitté cette enveloppe corporelle pour intégrer celle de Megan. Pendant ces années de léthargie, Seth a appris à dompter l’esprit de Megan. Il n’attend qu’une seule chose : la réveiller pour en faire l’instrument de ses ambitions maléfiques.
Le premier cycle de W.E.S.T. était plutôt dense. Christian Rossi nous disait l’année dernière que : « Fabien Nury dit volontiers que « La Chute de Babylone / Century Club » est une histoire simple racontée de manière compliquée. Je suis d’accord avec lui. Le deuxième diptyque « El Santero / Le 46e État » est le contraire : un récit compliqué, écrit avec fluidité. J’espère que le prochain cycle rétablira un certain équilibre ». Les vœux du dessinateur ont été exaucés. La première partie de ce diptyque est haletante, riche et ombrageuse.
Christian Rossi est sans nul doute l’un des dessinateurs les plus doués de sa génération. Il excelle dans la technique de la couleur directe qu’il utilise pour cette série. L’auteur joue de la luminosité et des couleurs pour élaborer ses ambiances, pour attirer l’œil du lecteur sur un détail.
Cette série est le résultat de la collaboration de trois grands talents. W.E.S.T a enfin trouvé son rythme de croisière et possède tous les atouts pour devenir un futur classique.
(par Nicolas Anspach)
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Lire une interview de Rossi : "Jijé nous a inculqué une morale du dessin" (mars 2008)
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