Ça va pas fort pour Sata, inspecteur de son état, ou peut-être trop fort alors : qu’est-ce que ça tambourine dans sa tête ! Poursuivant une jeune femme, fortement suspectée d’avoir trucidé et découpé en petits morceau son amant, Sata s’effondre. Il se réveille un mois plus tard, une cicatrice au front, un bout de ferraille dans le cerveau provoquant des crises douloureuses, avérées, des absences, sans doute, des hallucinations, peut-être.
Tout ceci est compliqué par le fait que le mort n’est pas n’importe qui mais s’avère être un artisan chargé de fabriquer de curieuses pièces métalliques pour un projet spatial top secret, que les collègues de Sata cherchent quelque chose que leur supérieur, décédé durant le coma du héros, lui aurait confié, tandis que les obsessions de notre inspecteur tournent bizarrement autour de la lune.
Atsushi Kaneko nous propose avec Wet Moon un polar en apparence à l’ancienne, empruntant les codes du roman noir. Mais il mâtine ce patron avec les marques de son propre univers : délires, étrangeté, marginalité...
Cela produit un résultat enthousiasmant : la narration étoilée ménage le suspens quand la composition de planches et les jeux de contraste installent une ambiance lourde, oppressante.
Le récit s’apprête à déraper à tout moment et l’on se prend à vouloir basculer avec le héros qui le conduit dans cette angoissante et pourtant excitante folie qu’incarne ici notamment Kiwako Komomiya, la jeune femme traquée sur laquelle s’ouvre le récit.
Tout, narration comme histoire, semble bien graviter bien autour de cette scène première, pour ne pas dire primitive, de poursuite, et on en ressent l’effet page après page, comme emporté par le mouvement amorcé. Une lecture magnétique.
(par Aurélien Pigeat)
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