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Willem : « Je suis venu à Paris en 1968 »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 8 mai 2008                      Lien  
Il fête aussi un 40ème anniversaire : celui de sa présence à Paris. Il publie ces jours-ci deux nouveaux livres : « Rêves de femmes » de Pierre Bourgeade, aux éditions Tristam, et « Partout », un recueil de ses carnets de voyage aux éditions Cornélius. Nous l’avons rencontré pour vous dans un bistrot à deux pas de son atelier de Pigalle dans le 18ème arrondissement de Paris.
Willem : « Je suis venu à Paris en 1968 »
Willem est éditorialiste graphique pour Libération
DR

Cela fait combien de temps que vous vivez à Paris ?

Je suis arrivé au siècle dernier, en 1968.

Ce sont les évènements de Mai 68 qui vous font venir à Paris ?

Entre autres, oui. Le climat était favorable aux dessinateurs : il y avait Hara Kiri, Charlie Hebdo, …, des dessinateurs comme Topor, Siné, des gens comme cela.

En Hollande, vous avez déjà à ce moment là un joli parcours. Vous aviez publié Topor et Siné dans le magazine que vous aviez fondé God, Nederland et Oranje [1] . Vous fréquentez le groupe Provo [2] , quelqu’un comme Wim Schippers qui fait un happening en déversant de l’eau gazeuse dans la Mer du Nord…

Ah, non ! C’était de la limonade, pas de l’eau gazeuse !

Partout
Aux éditions Cornélius

C’est dégueulasse. On a l’impression, avec la vitalité du mouvement underground, que c’est plutôt en Hollande que cela se passait…

Non, cela se calmait un peu pour moi, à Amsterdam. Ici, au contraire, ça commençait à bien s’animer.

Vous avez commencé à travailler pour L’enragé, le journal de Siné qui défraie la chronique en 1968, puis Hara Kiri… Comment êtes-vous arrivé à Libération ?

Oh, je ne sais pas. On m’a sans doute appelé. Hara Kiri a été ma chance. Après, ils ont commencé Charlie Hebdo. J’étais tout de suite en plein dedans, c’était formidable.

Rêves de Femmes de Pierre Bourgeade, illustré par Willem
Editions Tristam

Maintenant, vous faites partie des piliers, au même titre que Siné ou Cavanna.

Oui, mais je n’ai jamais participé aux réunions de rédaction parce que cela m’ennuie un peu. J’ai connu les réunions de rédaction avec Choron. Depuis, plus rien n’est pareil. Il n’y a pas d’animation.

Par animation, vous entendez de l’alcool et des femmes déshabillées…

Entre autres. Des invités surprise aussi, comme Coluche, qui venaient pour boire des coups.

Aujourd’hui, vous avez une belle notoriété, grâce à votre présence quotidienne dans Libération. Est-ce que pour autant les gens achètent vos livres ?

Non. Ca tourne autour de 2000 exemplaires, pas plus. Ma notoriété ne sert à rien pour ça. (Rires)

Oui, mais vous êtes publié chez des éditeurs de qualité, comme Cornélius, qui fait des bons livres. Ca laisse une belle trace.

Oui, peut-être. (Il a l’air de s’en foutre un peu et il se recommande une bière)

Propos recueillis par Didier Pasamonik

Willem. Mai 68 l’a attiré à Paris.
Photo : D. Pasamonik. (L’Agence BD)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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[1Un slogan dérisoire que l’on pourrait traduire par : " Dieu, la Hollande et le drapeau ".

[2Le groupe Provo avait été créé en Hollande en 1965 par une flanquée de jeunes artistes qui produisaient des images censées reflèter la société de consommation de leur époque. Ils acquirent en 1966 une notoriété mondiale grâce à leurs provocations autour du mariage de la reine de Hollande. En 1967, au bout de deux ans, le mouvement se saborda. Ses méthodes, sa réflexion et son sens de la dérision influençèrent probablement le mouvement de Mai 68 et, avant lui, celui des Situationnistes.

 
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