Ils sont sans doute rares, tant Van Hamme a dilué son propos pour en arriver à ce seizième tome, dispensable, et forcément... XIII énervant, puisque pas plus que les précédents il ne donne l’impression de renouer avec la qualité des premiers épisodes.
La lassitude du scénariste, heureusement, se révèle être un coup de marketing génial. Car la fin annoncée de la série, prévue pour 2007, lui redonne soudain de l’intérêt, et donne au lecteur l’impression que cette incroyable saga peut - et doit - s’achever en apothéose, avec quelque trouvaille scénaristique de première bourre. Qu’on y croit ou non, on ne pourra toutefois s’empêcher de penser que tout cela n’a plus vraiment d’importance. XIII est devenu un produit de consommation culturelle, un feuilleton livré par épisodes de 46 planches, qu’on aime à suivre comme on s’installe par pur réflexe devant le dernier Bond : l’histoire n’a plus vraiment d’intérêt pourvu qu’on ait l’ivresse de l’action et qu’on ne voit pas trop les ficelles.
Tout cela, bien sûr, tend à faire de XIII une production désincarnée, une icône de culture populaire avec ce que cela comporte de respectabilité mais aussi de prise de risque minimum en termes de scénario. Bref on se réjouit que Van Hamme se sépare d’un héros sans doute devenu encombrant, et qui ne lui ressemble plus. Et l’on souhaite que le scénariste, décrié mais diablement talentueux, se redonne un coup de manivelle à l’imagination pour nous refaire le coup du frisson et de l’engouement à la lecture d’une nouvelle série. Mais pas avoir d’en avoir fini avec XIII. Et là il y a du travail. Car XIII et Van Hamme n’ont peut-être qu’un point commun : ni l’un ni l’autre ne savent vraiment qui se cache derrière l’homme à la clavicule tatouée. Ils ont maintenant jusqu’à 2007 pour nous trouver une chute rafraîchissante. Chiche !
(par Damien Perez)
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