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Xiao Long Hua (Special Comix 6) : "Special Comix a été créé pour avoir un espace de liberté"

Par Yohan Radomski le 27 octobre 2015                      Lien  
Participant à la revue Special Comix 6, Xiao Long Hua représente la jeune génération des artistes chinois s'intéressant à la bande dessinée et se regroupant pour créer en-dehors des structures d'éditions officielles.

Vous êtes professeur et artiste ?

Oui, prof de peinture et de design depuis dix ans. Je fais des installations, des sculptures, des bandes dessinées.

Pouvez-vous présenter un peu Special Comix  ?

C’est une revue de BD underground et d’œuvres graphiques qui rassemble des auteurs au niveau national. Ce sont principalement des étudiants et des artistes de Pékin, Shanghai et Nanjing, du Sichuan, de Guangzhou, de Xiamen. Elle a été créée en 2003 par deux professeurs de Nanjing et paraît tous les deux ou trois ans.

J’y participe depuis le numéro 2. En 2009, le numéro 3 est sorti et on a obtenu un prix au Festival d’Angoulême début 2010. Le numéro 6 est sorti cet été.

Xiao Long Hua (Special Comix 6) : "Special Comix a été créé pour avoir un espace de liberté"
La revue Special Comix 6

Pourquoi la création de cette revue ?

Pour avoir un espace de liberté. Dans les publications officielles, il y a beaucoup de censure, et d’autocensure.

Là, on expose des idées différentes, par exemple un regard sur la violence, la nudité, qu’on trouve peu ailleurs, seulement sur des blogues.

On peut acheter la revue où ?

On n’a pas d’ISBN donc on n’est pas dans les circuits de diffusion. On vend dans quelques librairies indépendantes, lors d’expositions et surtout sur Internet.

Comment se présente le numéro 6 ?

Il y a 45 participants, des auteurs chinois et quelques artistes étrangers aussi. Cette fois, on a fait un coffret de posters, qui pèse 3 kilos 300.

Stand de la revue Special Comix 6. En arrière-plan, quelques-uns des posters du coffret.

C’est une revue importante ?

Je pense que oui, même si on est diffusé dans un cercle un peu restreint. Avec cette revue, on apporte de nouvelles idées.

Elle fournit une plate-forme où on peut publier et avoir un regard sur son travail au niveau national. C’est très important pour que de jeunes artistes développent leur travail.

Il y a d’autres revues de ce type ?

Pages de comix créés pendant une session

Oui. Il y avait Cult Youth, à Pékin, mais ils se sont arrêtés au numéro 3. C’était une revue de dessins aussi, surtout faite par des jeunes réalisateurs.

Maintenant, il y a Xu Shi Pi (叙事癖) créée par Yan Cong et Zuo Ma et Zhi Wei Ju Chang (雉尾剧场) créée par Zi Jie.

Pour la sortie de la revue, vous avez exposé cet été au Moca, le Centre d’Art contemporain de Shanghai.

Oui, des groupes d’auteurs organisaient diverses activités. Par exemple, Guo Ling et moi, nous avons monté une animation artistique : on a collecté des objets de la vie quotidienne, on les a donné aux visiteurs pour qu’ils les portent comme des animaux et on les a photographiés.

Pages de comix créés pendant une session

On a aussi invité la librairie Yan Shu, qui est une librairie indépendante de Pékin, tenue par deux artistes, Yan Cong et Zuo Ma. Deux ou trois fois par an, ils organisent des sessions de 24 heures pendant lesquelles des comix de dix pages sont réalisés. Les meilleurs sont tirés à 25 ou 30 exemplaires et vendus dans la librairie. On a fait une session de ce type ici.

Vous êtes le petit-fils de He Youzhi, très grand dessinateur de lianhuanhuas. Vous pensez que cela vous a influencé ?

Certainement, il y a une grande influence. Quand j’étais enfant, comme j’habitais avec mon grand-père, je le regardais toujours dessiner. J’étais dans un environnement familial ouvert aux artistes.

Mais quand j’étais ado, je me suis tourné vers la lecture des mangas japonais. Leur impact était plus puissant sur moi.

Plus tard, j’ai étudié la peinture à l’huile, c’est ma spécialité.

Dessin récent de Xiao Long Hua (c) Xiao Long Hua

Il y a d’autres influences étrangères dans votre travail ?

Beaucoup. En 2003, He Xiaozhu, la fille de He Youzhi, et ma tante, m’a montré un numéro de la revue française Lapin. Cela m’a vraiment marqué. Avec cette revue indépendante, c’est la première fois que je voyais de la BD européenne contemporaine.

Pendant mes études à Pékin, j’ai alors commencé à créer des récits courts en BD. Et j’ai continué depuis. Mais ma production principale, ce sont plutôt les sculptures maintenant.

Voyez-vous une évolution chez les jeunes artistes ?

Je crois qu’avec Internet, avec ce qu’on peut voir ailleurs, une nouvelle génération d’artistes va venir, plus libres, passant d’un médium à un autre. Avec Internet et les échanges internationaux, je pense que l’avenir de l’art est florissant en Chine.

Dans le même temps, les jeunes artistes s’intéressent aussi de plus en plus à la culture traditionnelle.

Les comix vendus par la librairie Yanshu

(par Yohan Radomski)

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(Merci à Lisa Zhang pour son aide)

 
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