Après avoir achevé de rassembler les quatre dragons légendaires, des jeunes hommes dotés de pouvoirs hors du commun ayant pour mission de protéger la réincarnation du dragon rouge, la princesse déchue Yona, notre petite troupe décide ne pas attaquer immédiatement le palais royal, mais de commencer à examiner ce qu’ils pourraient faire pour améliorer les conditions de vie de la population, et plus particulièrement celle, très pauvre, de la Tribu du Feu.
Ainsi dans les tomes précédents, se faisant passer pour des bandits, s’attaquant aux autorités et aux bandits de la région pour redistribuer leurs quelques biens à la population, nos héros, et plus particulièrement Yona, prennent conscience de l’immensité de la tâche.
Ne pouvant dans un premier temps qu’offrir une assistance de l’instant, ce passage leur permet cependant de nouer une nouvelle amitié, celle de Kang Tae-Jun, second fils du Général de la Tribu de Feu, fou amoureux de notre héroïne, qui a son contact, en l’accompagnant lors de ses tournées de distribution, prend conscience de la misère dans laquelle vit « son » peuple.
Ils cernent également deux problèmes : l’absence d’hommes partis au service militaire et l’aridité de la terre, peu propice à la culture. Pour faire davantage Yona et ses amis décident d’aller plus au nord, dans le territoire de l‘Empire de Kai, pour savoir comment se débrouille ses habitants avec un climat encore plus difficile.
Sur place, où notre troupe se fait passer pour des saltimbanques cette fois-ci, ils découvrent également l’absence des hommes, au service militaire eux-aussi, de même qu’une terre aride, mais une différence : de bonnes récoltes due à une céréale inconnue chez eux, importée de régions bien plus au nord. Ce serait-ce la solution pour nourrir le peuple du feu ?
Avec ce déjà onzième tome, Mizuho Kusanagi continue de dessiner son histoire sur un rythme relativement lent, prenant le temps de développer chaque périple avec attention et minutie. Le soin apporté compense néanmoins assez bien cette lenteur.
Signalons d’ailleurs que le premier tiers propose une histoire nous ramenant aux jeunes années Yona, Hack et Soo-Won avec une escapade en ville dans laquelle Soo-Won, futur régicide, démontre son talent pour rallier les gens, et qui rappelle qu’avec Hack ils étaient les meilleurs amis du monde avant qu’ils ne prennent des chemins opposés.
Ce « prologue »sert sans doute à amener l’autre gros évènement du tome : Yona prend conscience que Hack est un homme qui plait aux femmes et qu’il pourrait avoir des sentiments à son égards. Evidemment cela semble peu de choses mais voir ce vieux statu quo commencer à bouger s’avère très plaisant !
Outre le point romance un peu inattendu, ce qui surprend en fin de compte dans les derniers développements de la série, c’est la dimension très terre-à-terre de la quête de notre héroïne.
Alors qu’elle a parcouru son royaume pour rassembler les légendaires dragons, qui possède ensemble un pouvoir capable de mettre à terre la Capitale et d’accomplir sa vengeance contre Soo-Won, Yona préfère d’abord s’occuper des problèmes immédiats du peuple, de leur maladie et de leur faim, elle qui a vécu toute sa vie dans une cage dorée, ignorante du monde.
La puissance surnaturelle de sa troupe se trouve ainsi détournée pour accomplir une tâche a priori peu épique, mais essentielle : combattre la misère.
Un cheminement qui reste cependant dans l’esprit de la série, qui prend le temps de traiter son sujet en profondeur, sans précipitation, avec des étapes très découpées et symboliques.
Cependant jusqu’à présent Mizuho Kusanagi ne s’est jamais perdu, et son récit a su conservé vigueur et attrait, grâce à un beau traitement de ses personnages, et des péripéties les mettant à la fois en valeur et faisant sens au niveau de la trame générale.
Assurément une très belle série qui promet encore de beaux moments.
(par Guillaume Boutet)
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Yona : Princesse de l’Aube T11. Par Mizuho Kusanagi. Traduction Léa Le Dinma. Pika, collection "Shôjo". Sortie le 17 février 2016. 192 pages. 6,95 euros.
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