Philippe Geluck a des nègres et ce catalogue en est la plus belle preuve. Comment, en si peu de temps (le Chat a à peine vingt ans) amasser une telle oeuvre ?
Au fil de ces deux cents pages extrêmement denses, on découvre sa vie, racontée telle la Chronique de l’Humanité en mêlant faits d’actualité et moments personnels, des documents rarissimes comme les dessins publiés par son père, des travaux de son frère, graphiste, des tonnes et des tonnes de photos avant d’entamer le catalogue proprement dit de l’exposition, qui retrace exhaustivement une oeuvre extrêmement fournie. Premiers dessins d’enfance, dessins d’humour féroces (école Chaval), aquarelles (école Folon), dessins du Chat ("L’inventeur de la cédille était un certain Groçon. Il n’aimait pas son nom.") et toutes ses déclinaisons, dont les détournements sculpturaux réalisés par un autre farfelu belge, Juan d’Oultremont,... plus une quantité phénoménale de documents et de travaux divers.
Déjà événement en soi, par la richesse de son contenu, ce catalogue est complété d’une conversation avec l’un des grands spécialistes belges de l’art, Pierre Sterckx, et d’un cahier de 70 pages sur le phénomène du Chat, avec dessins, travaux et témoignages de personnalités.
Des nègres, Geluck ? En refermant ce catalogue-monument, on devine l’absurdité de l’idée. Il y a un humour Geluck, fait d’auto-dérision, de culot, d’une bonne dose d’absurde, et d’une capacité à jongler avec toutes les facettes possibles de l’humour. Cela, personne n’est capable de l’imiter. Et ce catalogue en est la plus belle preuve.
(par Patrick Albray)
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