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36 15 Alexia - Frédéric Boilet - Ego comme x

Par Nicolas Fréret le 22 mars 2004                      Lien  
Marcello est accro au minitel rose, celui d'Alexia surtout, dont il est tombé amoureux à distance. Aux mots doux dactylographiés se substitue une passion charnelle, leurre d'une chute inéluctable. Derrière un titre ringard, une couverture flashie et aguicheuse, se cache une "BD réalité" rééditée et intelligemment augmentée... à consommer sans risque !

La quotidienneté dans la bande dessinée passe par le vécu, ça va presque sans dire. La fin justifiant les moyens, Frédéric Boilet s’est employé, il y a de cela une éternité et demi, à expérimenter la liaison électronique, coquine et faussement complice, et de l’intégrer à la fabrication de son récit. Récit du coup semi-autobiographique. Boilet, est ainsi devenu Marcello, dessinateur pointilleux, homme à "petites nanas" aspiré par la sensuelle et fantasmatique magie du virtuel. Des mois s’écoulent, l’amourette se profile en passion jusqu’à ce que le trop plein de désir rappelle le réel. Le jeu de la tentation laisse place à l’érotisme assouvi d’une libido lentement cultivée. Excitant, explosif mais fatal.

Révolution technologique au profit d’une communication en constante mutation, voilà comment appréhendait-on le minitel, il n’y a pas si longtemps, disons une bonne dizaine d’années. Fleurissaient alors, essentiellement en milieu urbain, quantités de pubs sauvages invitant à la douce et onéreuse débauche télématique. Le minitel rose - rose, comme la couverture de l’album déclinée dans le violacé - essuyait déjà les plâtres du "chat" romantico-débridé version An 2000. Ce petit côté archi-démodé attise finalement notre intérêt. La fraîcheur survit au passé ringardisé.

A l’occasion de cette nouvelle et belle édition d’un de ses albums-références, Frédéric Boilet a exceptionnellement réalisé quelques planches supplémentaires, toutes en N&B. Elles prennent en étau l’œuvre originelle et lui confèrent un suspens décuplé, une histoire dans l’histoire, sans toucher ni déprécier l’originalité de la narration et l’implication transpirante de l’auteur, sans rompre avec un découpage varié et une mise en scène quasi-cinématographique, renforçant, enfin, le métissage de styles sans cesse alternés. On oublie vite l’invitation provocatrice au voyeurisme, sous-jacent mais jamais vulgaire. Ouvrir ce bouquin, c’est découvrir, ou redécouvrir, un auteur et une " BD réalité " bigrement d’actualité. Ce serait faire fausse route que de s’arrêter à l’aphrodisiaque couverture.

(par Nicolas Fréret)

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