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France Animation assigne le dessinateur Zep en justice.

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 19 mai 2004                      Lien  
La société de production de dessins animés qui a acquis les droits de « Titeuf » pour le cinéma et qui s'apprête à tourner par ailleurs un film « Live » avec le personnage de Zep vient d'assigner cet auteur en justice. En cause, l'obstruction que ferait le dessinateur à un usage publicitaire trop extensif de son univers et de ses personnages.

L’assignation date de mars dernier. Selon un communiqué cité par Livres hebdo, « France Animation, se plaignant du refus de ZEP d¹associer durablement l’univers de ses créations à des campagnes promotionnelles en faveur de produits de grande consommation, demande la condamnation de l’auteur de Titeuf à lui payer ce qu’elle estime être son manque à gagner, soit quelque 200.000 euros à titre provisionnel. » L’agent de l’artiste, Camano Conseil rétorque que cette politique traduit une préoccupation éthique de la part du créateur de Titeuf et met en avant le droit moral qui protège les auteurs dans le droit français et qui leur permet d’accepter ou non les campagnes ou les utilisations merchandising qui ne leur sembleraient pas conformes à leur univers ou qui leur sembleraient par trop mercantiles. Selon Livres-Hebdo, c’est la non-reconduction d’une campagne pour McDonald qui a mis le feu aux poudres. On imagine que Zep ne veut pas en effet que l’utilisation récurrente de son personnage l’associe trop étroitement à la chaîne de fast-food. Par conséquent, le producteur, détenteur des droits dérivés grâce au contrat qu’il détient sur les dessins animés réclame le manque à gagner que lui vaut ce refus : 200.000 euros minimum. Selon Livres Hebdo, Jean-Claude Camano, l’agent et par ailleurs le découvreur de Zep, ajoute : « ...la collaboration de Zep aux nouveaux projets d’adaptation audiovisuelle des albums de Titeuf annoncés par France Animation paraît sérieusement compromise. »

Il semble bien que c’est le changement de propriétaire de France Animation, cédée par Wanadoo à Antefilms en octobre 2003, un studio d’animation 3D basé à Angoulême dirigé Christophe et Benoît di Sabatino, qui soit à l’origine de la dégradation des relations avec le dessinateur. Fort d’un catalogue de plus de 1600 demi-heures de film et de deux succès internationaux comme Titeuf et Funky Cops, cette société est un des leaders de l’animation européenne. L’acquisition au prix fort de la filiale de Wanadoo nécessite pour eux un pay back conséquent. On comprend dès lors que la maison de production ne veuille rater aucune opportunité de faire fructifier son patrimoine. En revanche, on a pu le voir avec Tintin ou les Schtroumpfs, l’utilisation extensive d’une licence demande un minimum de tact si on ne veut pas se retrouver hors du marché pendant de nombreuses années. Le modèle étant Astérix qui a réussi à rester au sommet sans que ses produits ne sur-envahissent les linéaires, ni les panneaux publicitaires. Nous sommes face à deux modèles économiques contradictoires. En ce qui nous concerne, nous comprenons que Zep, dont les tirages commencent à flirter avec ceux du petit Gaulois, fasse preuve de la même sagesse qu’Uderzo dans la gestion de son personnage.

En médaillon : Zep et son personnage. Photo : DR.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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