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Je veux le prince charmant - par Hélène Bruller - Albin Michel

Par Ronan Lancelot le 12 octobre 2004                      Lien  
Elle est trentenaire, c'est une fille et elle le prouve !

Je n’ai jamais été une fille, et encore moins le prince charmant. Jusqu’à hier, je considérais que je ne maîtrisais pas trop mal le mystère féminin. J’avais découvert les serviettes hygiéniques pour string, baissé les bras devant le tube de dentifrice mystérieusement écrasé et ouvert qui traînait dans ma salle de bain et encaissé mon quota de jalousies inexpliquées. J’imaginais que certains codes culturels étranges, propres à l’autre sexe, resteraient à jamais incassables, renvoyant les plus fins services de cryptologie à leurs bouliers, que le mystère de la conception lui-même était moins bien gardé que celui-là même de l’essence XX.

Et puis j’ai découvert Je veux le prince charmant. Soit vous êtes une fille et vous allez rire en lisant Hélène Bruller. Soit vous êtes un garçon, et vous allez en apprendre pas mal en rigolant (parfois un peu jaune, mais c’est la loi du genre qui veut ça).

Démonstration : Ce recueil de planches, réalisées à l’origine pour un magazine suisse, traite de la difficile condition féminine d’Hélène Bruller.

Evacuons tout de suite le fait que l’auteur soit la femme/l’amie/la copine* de Zep : elle le revendique avec humour**, le met en scène et, sous couvert de l’utiliser comme faire-valoir, lui fait endosser le rôle du mâle compagnon sympa lambda. Cela fait d’ailleurs un peu bizarre de s’identifier, en tant qu’XY, à Zep, mais je suppose que cela vaut mieux que de s’identifier aux chauves dont l’auteur se moque (un peu) méchamment.

On trouve dans cet ouvrage une accumulation de sketches que ne renierait aucun one-woman show, d’Axelle Laffont (pour les gros mots) à Valérie Lemercier (pour les meilleurs) en passant malheureusement parfois par Anne Roumanoff (pour les pas drôles). Les seins, les mères, les pipis discrets, la mode, Hélène Bruller met en belles et efficaces images son quotidien.

Elle se représente pour mieux souligner les petits détails énervants de ses journées hyper actives, les tics féminins qui en disent beaucoup ou les affres d’une trentenaire urbaine pour survivre dans la jungle de la vie moderne. Sex and the City n’est pas loin.

La chronique du quotidien est un exercice difficile. Ce que Claire Bretecher a su faire avec brio, Maïtena l’a planté dès le départ. Ici, ce premier album qui fait rire (le contrat est rempli) en appelle d’autres, même s’il laisse un goût de trop peu et de trop éclectique pour convaincre complètement. Je tombe sous le charme de quelques expressions, d’attitudes pour le moins cocasses, mais il n’en reste au final que peu de chose. Je suis prêt à faire le pari que si cet exercice était amené à se reproduire, il pourrait s’en dégager quelque chose d’un peu plus cohérent et mémorable. À ranger avec sympathie entre Les Mères et Titeuf.

* Elle l’explique particulièrement bien dans une planche.

** Dans le dossier de presse en tout cas.

(par Ronan Lancelot)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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