Ce premier volume part de son enfance et s’achève à la fin de la guerre, en 1945. C’est la vie d’un Japonais moyen dans un empire dont le régime politique se radicalise jusqu’à devenir une proto-dictature militaire à vocation impérialiste. Deux bombes terribles mettent fin à cette période de l’histoire de son pays.
Or, la carrière de Tezuka commence au lendemain de la deuxième guerre mondiale, si désastreuse pour le Japon. Ce n’est pas anodin. Dans ce pays mortifié, le rêve reprend le pouvoir. Et le futur mangaka en a de l’imagination à revendre, lui qui raconte des histoires depuis l’enfance. Après cette période de barbarie, il aura le talent de raconter des histoires douces et gentilles (il invente pour ainsi dire le style "kawaï", le style "mignon" si caractéristique de la production japonaise), des récits pétillants d’intelligence et pétris d’humanisme. En 1945, Tezuka a déjà le béret de Foujita vissé sur la tête. Il est prêt à bâtir une œuvre à sa (dé-)mesure, malgré les études de médecine qu’il a entreprises alors même qu’il est déjà un best-seller depuis l’âge de 19 ans et qu’il achèvera en 1954, sans qu’il en ait vraiment besoin, si ce n’est pour raconter les aventures du chirurgien Black Jack.
Si cet album verse parfois dans l’hagiographie un peu lénifiante (les adorateurs n’ont manifestement pas le génie du modèle), elle offre cependant, dans une forme plaisante, un grand nombre de renseignements très précieux sur le créateur d’Astro Boy, de Black Jack et du Roi Léo, probablement l’auteur de BD le plus important du vingtième siècle.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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