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Polémique « Made In Belgium » : La Fondation Hergé et Moulinsart répliquent

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 12 mars 2005                      Lien  
« La Fondation Hergé et Moulinsart sont bien tristes... » titre un communiqué de ces instances [sur leur site internet->http://www.Tintin.com]. Les responsables de l'œuvre d'Hergé déplorent que Tintin ait été évincé de l'exposition jubilée célébrant le 175ème anniversaire de la Belgique. « Ce n'est pas faute d'avoir essayé » répondent-ils plaintivement.

Nous avons évoqué, dans nos précédents articles, le conflit qui mena l’organisation de l’exposition anniversaire « Made In Belgium » à ne pas faire figurer « Les Aventures de Tintin » parmi les produits culturels qui ont marqué le plat pays. Devant l’exigence de la Fondation Hergé et de Moulinsart, les organisateurs de ce jubilée qui honore les 175 ans de la création de la Belgique, avaient fini par répondre « Tintin » ! La réaction des médias et du public ne s’est pas faite attendre : de partout, les gestionnaires de l’œuvre d’Hergé se sont fait traiter de « moules à gaufre », « pacte-à-quatre » et autres charmantes injures puisées dans le vocabulaire fleuri du Capitaine Haddock. Il n’est pas jusqu’au neveu homonyme de l’artiste qui ne soit allé de son couplet.

Scandale

Aujourd’hui, bien embarrassés, la Fondation Hergé et Moulinsart répliquent. Tout cela est bien triste, expliquent-ils en substance, mais ils ne changent pas pour autant de position, considérant que le scandale est plutôt du côté des organisateurs. « Bien sûr que Tintin n’aurait pas dû manquer ce rendez-vous ! écrivent-ils dans leur communiqué, Nous en sommes plus que convaincus !! Et pourtant, c’est bien ce qui arriva... L’exposition s’ouvre comme Dupond sans Dupont, comme Haddock qui serait tout à coup muet, comme Milou qui aurait perdu Tintin... Quel dommage !!! » Pourtant, disent-ils pour leur défense, « on ne pourra pas dire que la Fondation Hergé n’aura pas ouvert les portes ! »

Ils mettent en avant que leur premier souci était de montrer l’œuvre d’Hergé plutôt que des maquettes proposées par les organisateurs : « La Fondation Hergé a proposé de superbes documents aux organisateurs de l’exposition. Dans l’esprit de la Fondation, il est inconcevable de présenter Hergé sans montrer son travail, ses dessins, son coup de crayon ! N’est-il pas absurde de parler d’Hergé en montrant des maquettes réalisées par d’autres ? Bien sûr, ces maquettes parlent du monde de Tintin, mais elles ne sont jamais qu’une interprétation du travail réel d’Hergé !  ». Après un plaidoyer sur les qualités de l’œuvre d’Hergé, le communiqué exhorte les organisateurs à rejoindre leurs vues : « Nous avons tous un peu de Tintin en nous, disent-ils. Nous sommes tous un peu Tintin... Alors, une exposition "Made in Belgium" sans Tintin, c’est un peu comme si nous avions tous manqué un rendez-vous... En quelque sorte, le train est parti sans nous. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé !  » Ils concluent enfin : « Hergé est un très grand artiste. Tintin est le héros de nos enfances. Tous deux méritent le respect. La Fondation Hergé et Moulinsart se battent pour ce respect. Cela rend parfois notre tâche très dure et difficile, mais cela ne nous décourage pas pour poursuivre notre route. Nous avons l’esprit Tintin ! »

« Sire, il n’y a plus de Belges ! »

On sent bien que, de part et d’autre, chacun reste campé sur ses positions, chaque partie accusant l’autre d’être à l’origine du scandale. Il est regrettable que ces positions ne se soient pas retrouvées sur un accord amiable où chacune des parties aurait sauvé la face. Lors du vote des lois de régionalisation censées résoudre les conflits linguistiques en Belgique, le premier ministre d’alors, Gaston Eyskens, avait dit au roi : « Sire, il n’y a plus de Belges ». Hergé lui-même se sentait orphelin de cette décision : il affirmait ne pas être belge, mais « belgicain ». Le pays avait toujours réussi pourtant à sortir de l’impasse par des accords présumés impossibles, les fameux « accords à la belge ». Que l’on dépêche rapidement un diplomate auprès de nos belligérants pour aplanir la mésentente. Car il ne faudrait pas, caramba ! que la Belgique, déjà minée par un conflit linguistique, ajoute à ses divisions un conflit "tintinesque" !

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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En médaillon : Tintin et Milou arriveront-ils à rattraper le train d’une exposition, "Made In Belgium", partie sans eux ? (Dessin d’Hergé, (c) Moulinsart).

 
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5 Messages :
  • "Sire, il n’y plus de Belges" n’est pas un phrase de Gaston Eyskens à Baudouin 1er mais du socialiste Jules Destrée à Albert 1er en 1912 (déjà !) !!!

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    • Répondu par Didier Pasamonik le 13 mars 2005 à  10:38 :

      Vous avez parfaitement raison. La phrase exacte de Destrée était : "Sire (...) Vous régnez sur deux peuples. Il y a en Belgique, des Wallons et des Flamands ; il n’y a pas de Belges." (Lettre au Roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre datée de 1912, effectivement, et notez que nous sommes en pleine guerre). Il paraîtrait que Gaston Eyskens, premier ministre social chrétien flamand -qui était un bon constitutionnaliste, et qui connaissait la citation - l’aurait répétée en disant, par dérision : "Sire, il n’y a PLUS de Belges". Je vous la vends comme je l’ai achetée, pas cher.

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      • Répondu par Didier Pasamonik le 20 mars 2005 à  19:31 :

        Vous avez parfaitement raison, puisque la guerre commence en 1914. Mon erreur vient de ce que, si la lettre est écrite en 1912, c’est bien la guerre -où les Flamands paient le même tribut que les Wallons- qui permet à leurs revendications d’exister enfin sur la scène politique (en même temps que les revendications socialistes incarnées par Jules Destrée), fait politique qui contribue à la genèse des conlits communautaires actuels. Bravo pour votre perspicacité !

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    • Répondu le 19 mars 2005 à  12:48 :

      Si la lettre est datée de 1912 et que nous sommes en pleine guerre...je me demande avec qui ? La bBelgique aurait-elle déclaré la guerre à l’Allemagne deux anx avant la réplique de cette dernière ? A moins que cela ne soit la guerre entre....wallons et flamands !

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  • Aie ! Ouille ! Maman, Les commentaires dans un ordre non chronologique !

    Dans l’fond faut quand même dire que la fondation Hergé a ptêtre raison... pour autant qu’on respecte le principe du droit d’auteur.

    Par comparaison, le choix entre Mickey et Disney comme représentant des Etats Unis, est une question de goût..., une question d’âge aussi... mais il faut bien réfléchir au message d’une exposition gouvernementale : serait-il "Le gouvernement Belge et ses lois, favorisent le rayonnement international de nos produits" (les enfants ouvrent grands leurs yeux, les grandes personnes baillent) ou bien "Le gouvernement Belge respecte et défend les entreprises de certaines personalités brillantes (les grands respirent, et les petits vont lire une BD)"

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  • bonjour. Je ne réagis pas par rapport à cet article qui semble ne plus intéresser qui que ce soit depuis maintenant 3 ans (LOL), mais par rapport à la demande de démontage de la fusée de Chabeuil en France, fusée qui semble déranger copieusement les belges. En tant que français, je ne puis que sourire une nouvelle fois de la lenteur des suisses, non, pardon, belges (c’est pareil) qui vont nous faire un caca mou avec une telle affaire au lieu de s’occuper de la stabilité de leur pays... D’autre part, vous voudriez attaquer cette commune alors que le modèle édifié est complètement différent de celui qui apparait sur le livre. Vous pourrez constater que le modèle de Chabeuil a 6 rangées de damiers alors que votre fusée n’en a que 5... Pas de copie, pas de procès ! Taisez vous donc... Au fait, ne seriez vous pas un peu flamands pour émettre de telles sottises ?

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