Dimitri Kennes n’est pas peu fier d’annoncer que les éditions Dupuis ont connu leur meilleur exercice depuis une vingtaine d’année, avec un chiffre d’affaires de 71 millions d’euros, marquant une progression de 5% par rapport à l’année précédente. Le résultat opérationnel, quant à lui, se porte à 5,7 millions d’euros, contre 3,5 millions en 2003.
Cette progression est essentiellement due aux départements ’droits dérivés’ et ’marketing direct’ du groupe. En effet, Dupuis est le seul grand éditeur de bande dessinée à s’être investi dans la vente directe au public au travers d’abonnements spécifiques, permettant aux parents d’offrir régulièrement des paquets-cadeaux à leurs enfants. Différentes formules existent pour accompagner au mieux les enfants selon leur âge. Dimitri Kennes raconte ainsi à La Libre Belgique que cette activité représente 12% du chiffre d’affaires !
Le chef d’entreprise insiste, dans le quotidien belge, sur « l’approche universelle de certains personnages, comme Cédric et Kid Paddle, que l’on commence à voir en télévision, aussi bien en France qu’en Belgique ». En janvier dernier, Dimitri Kennes nous expliquait que « les adaptations animées de certaines bandes dessinées favorisent la notoriété des personnages et des bandes dessinées. Avant la diffusion des premiers dessins animés, les ventes de Cédric avoisinaient les 450.000 exemplaires (fond & nouveautés inclus). En 2003, nous avons porté ce chiffre à 1.000.000 d’exemplaires ! ». Les éditions Dupuis produisent en partie ces dessins animés, afin d’accompagner leurs diffusions par des campagnes marketing axées sur les albums.
Profitant ainsi de la notoriété générée par les dessins animés, le tirage du dixième Kid Paddle (Dark, j’adore - à paraître en Août) devrait doubler. « C’est notre espoir fou pour cette année, révèle Dimitri Kennes à la Libre Belgique. Il y a énormément de demande pour ce personnage ».
Des ventes d’album en baisse
L’absence de nouveautés parmi certaines des séries-phares (Petit Spirou ou Largo Winch par exemple) a eu un impact négatif sur les ventes cumulées d’albums pour la maison d’édition. Les ventes sont logiquement en diminution. Dimitri Kennes voit également une deuxième explication à cette baisse : la surproduction. « Des éditeurs inondent les vendeurs de nouveautés et cela nuit à tout le monde, explique-t-il. Dupuis n’entrera pas dans ce petit jeu. Nous représentons 20% du marché, pour seulement 3% des nouveautés. Quand on lance un album, c’est pour longtemps ! »
Les éditions Dupuis se sont cependant engouffrées dans l’un des wagons de tête de la surproduction, en créant deux nouvelles collections destinées à un public plus adulte : Empreintes (des histoires réalistes, découpées en un nombre spécifique d’album) et Expresso (« la collection de toutes les humeurs »). Un nombre conséquent de nouveaux projets sont donc accueillis au sein de ces deux écrins pour lancer les deux collections. Mais il est vrai que l’équipe éditoriale, dirigée par Claude Gendrot, sélectionne avec soin des œuvres de qualités.
Dimitri Kennes, un homme de consensus
Le jeune dirigeant a rapidement pris conscience que les « auteurs sont le fondement d’une maison d’édition ». Il n’hésite pas à intervenir personnellement lorsqu’un problème (généralement sur les clauses audiovisuelles des contrats) trouble les bonnes relations entre un auteur et la maison d’édition. Les résultats de cette implication se feront déjà sentir cette année. Tous les grands best-sellers de Dupuis seront présents en 2005 : De Largo Winch au Petit Spirou en passant par les Tuniques Bleues, Spirou & Fantasio, Cédric, les Femmes en Blanc, Yoko Tsuno, Soda, Lady S et bien sûr quelques « pépites », plus graphiques ou littéraires, dans la collection Aire Libre.
Dimitri Kennes promet que les éditions Dupuis vont « se concentrer sur [leur] métier de base afin d’obtenir d’excellents résultats ». La relative indépendance de l’éditeur par rapport aux autres maisons d’édition du groupe Média-Participations dépendra sans doute de cela. Reste un autre défi pour l’éditeur : se renouveler dans le secteur de l’humour en imposant de nouveaux scénaristes aussi talentueux que Raoul Cauvin. Seules deux séries initiées par des jeunes auteurs ont pris un envol fulgurant ces dix dernières années : Kid Paddle (Midam), et dans une moindre mesure Parker & Badger (Cuadrado).
La pérennité de l’éditeur dépendra sans nul doute de la gestion de son dynamique patron, mais également du renouvellement du catalogue de la maison.
(par Nicolas Anspach)
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Lire notre dossier sur le rachat de Dupuis par Média-Participations.
Lire l’article de la Libre Belgique.
En médaillon : Dimitri Kennes (c) Dupuis.