Si le journal cherche à sortir des sentiers battus de la presse jeunesse (aussi bien au niveau graphique que par le choix de ses thématiques), c’est aussi parce qu’il rappelle plus la bande dessinée underground que la presse traditionnellement destinée à la tranche d’âge concernée : les 7 à 12 ans. Déjà certains concurrents avaient annoncé le mouvement avec des auteurs de renom (Guibert, de Thuin, Blain ou d’autres) qui avaient montré la voie au sein des revues plus sages du groupe Bayard Presse (Notamment Dlire, J’aime la BD et Okapi), "surfant" sur une vague un peu provocatrice et en rupture avec un graphisme conventionnel, à partir de séries comme Sardines de l’espace d’Emmanuel Guibert. Capsule bénéficie d’un tirage autour des cinquante mille exemplaires et va incontestablement plus loin dans l’innovation et l’audace.
Une nouvelle génération d’auteurs
Réunis autour de Gwen de Bonneval (Rédacteur en chef) et Oiry du collectif “L’Atelier du coin”, la plupart des auteurs viennent des Éditions du Rouergue ou de l’Association, et ne sont pas des inconnus, ni ne manquent d’expérience éditoriale. Si le "noyau dur" comprend environ une vingtaine de personne, on croisera au sommaire de nombreux numéros aussi bien Jean-Michel Thiriet, Frankyravi, Anouk Ricard, que Riad Sattouf, Trap, ou encore les frères Coudray. On relèvera que l’équipe de ce magazine hors-norme appartient à la nouvelle génération d’auteurs francophones (d’où cet esprit particulier !), et qu’elle compte quelques auteurs de talents ayant déjà pignon sur rue. Mathieu Bonhomme, Muzo, David B, et Christophe Blain ont eux aussi eu l’occasion de "signer" dans les pages de Capsule.
Un sommaire atypique
Au fil de rubriques comme Bazarbizar, l’Atelier (qui initie joyeusement aux techniques du dessin !), Escapade (où l’on propose de partir à la découverte du cerveau !) ou Parenthèse (on y lira des contes ou des récits), le jeune lecteur va d’histoires "décalées" en reportages dessinés et présentés dans l’esprit de la revue, c’est-à-dire avec une volonté affichée de ne pas se prendre au sérieux.
Loin de copier la presse qu’ils ont pu lire dans leur enfance, les auteurs proposent un magazine où l’humour occupe une large place mais où les sujets de fond ne sont pas absents. Capsule n’hésite devant aucun thème, n’évite pas les provocations (une BD a pour titre "Dieu qui pue, dieu qui pète" !), et comprend des hommages aux maîtres en présentant par exemple un dossier sur Jean-Claude Mézières, le papa de Valérian.
Une exposition à Angoulême
Au fil des 68 pages, sont mariés textes et dessins, gags et histoires complètes ou encore récits de voyage toujours traités par les auteurs de l’équipe. L’originalité de la démarche consiste aussi à proposer des séries spécialement créées pour le magazine, la plupart étant amenées à être reprises sous forme d’albums. Notons au passage que le journal est également apprécié par les adultes, à qui il offre plusieurs niveaux de lecture. Présenter à Angoulême ce magazine, digne représentant du renouvellement graphique et narratif de la BD jeunesse, se justifiait donc pleinement. Les visiteurs pourront apprécier son esprit créatif au sein de parcours ludiques et tout spécialement mis en scène pour les 8-12 ans.
(par Patrice Gentilhomme)
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Exposition CAPSULE COSMIQUE
Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême
Espace Jeunesse l
Place Francis Louvel
du 26 au 29 janvier 2006
Capsule Cosmique est vendu en kiosque 4,90 € et sur abonnement, et est édité par les éditions Milan. Parution le chaque 15 du mois.