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Originals par Dave Gibbons - Editions USA

Par David TAUGIS le 5 janvier 2006                      Lien  
Le très respecté dessinateur des Watchmen se lance en solo dans un roman graphique flamboyant, avec lequel il a obtenu la plus haute récompense pour un comic book aux Etats-Unis : l'Eisner Award. Quelque part entre Quadrophenia pour la culture rock et West Side Story pour le romantisme urbain hollywoodien.

Quand les Who sortent l’album Quadrophenia en 1973, l’histoire n’est pas très différente de celle de Originals : un garçon aime une fille. Il est membre d’une bande avec son meilleur ami, et il y aura un mort à la fin...
Dave Gibbons a visiblement pioché dans la mythologie rock pour son scénario : Lel et Bok rêvent d’intégrer les Originals, bande où tous chevauchent des "glisseurs", scooters à peine modernisés, et arborent longues parkas et casques carrés. Lorsqu’ils y parviennent, en prouvant leur courage et leur envie de se battre contre les Rocks, la bande rivale, ils ont l’impression d’avoir gagné leur ticket pour le paradis.
Et puis Lel rencontre Viv, et tout bascule dans ses priorités. Malheureusement, le couard Warren, qui a péniblement rejoint les Originals, a voulu faire un coup d’éclat en assassinant un membre des Rocks, et ceux-ci croient que Lel est le coupable...

L’amitié contre l’amour, la violence contre le sentiment... Des thèmes universels mis en image avec une précision étonnante par Gibbons. Dans un univers nocturne et urbain, ni daté ni localisé, les personnages semblent ne vivre que pour de courts épisodes de bastons orgasmiques, en toute immaturité.

Une utilisation magistrale des noirs et des gris

Entièrement en noir et blanc, avec une utilisation magistrale des différents tons de gris, l’histoire développe avec fluidité un canevas qui amènera le héros à sa deuxième naissance, dans la douleur et le deuil.

Figure majeure du monde des comics depuis 30 ans, Gibbons n’a pas seulement brillé dans sa mise en image des Watchmen sur un scénario d’Alan Moore ; il a revisité des super-héros comme Batman, Superman, Green Lantern... Il a également travaillé avec Frank Miller et même dessiné (encore avec Moore au scénario) le Spirit de Will Eisner.

Bien que furieusement inspiré des affrontements entre mods et rockers dans l’Angleterre des années 60, l’auteur a tenu à maintenir le flou sur sa toile de fond narrative. On a l’impression qu’un monde d’il y a 40 ans s’est propulsé dans un futur proche. Seul signe de modernité apparente : les deux-roues enfourchés par les bandes n’ont justement pas de... roues, mais glissent sur des coussins d’air.

Gibbons atteint une grande intensité dans les scènes d’affrontement et son souci du détail permet à son album de planer au-dessus du comic book de base. Sa description du monde adolescent des Originals manque parfois de finesse psychologique, mais le souffle qui emmène le lecteur balaye ce petit bémol dans une embardée de "glisseurs".

Originals par Dave Gibbons - Editions USA

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(par David TAUGIS)

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