L’origine de Chaponoir (affirme l’auteur) réside dans l’album Dans La Joie jusqu’au cou de Gotlib et Alexis. La comparaison s’arrête là. Pourtant, la référence au créateur de Rhââ Lovely transpire parfois dans certains gags. Car Chaponoir est obsédé de sexe, même si sa tenue vestimentaire ne brave pas la bienséance. Affublé d’un chapeau melon et d’un éternel nœud papillon, le personnage d’André Lamorthe est flegmatique, imperturbable mais pas insensible. Dès qu’une occasion le permet, il soulage sa libido grâce à son imagination très fertile. Son "ami" Kong l’épaule dans cette tâche de chaque instant. La liberté est un fantasme pour Kong, surtout quand elle prend l’allure d’une statue aux courbes féminines.
Le trait aiguisé et carré renforce le côté "cartoon" de certains gags. L’auteur donne à son héros un visage très particulier (surtout vu de ¾ arrière !) qui permet de l’identifier de suite dans la case.
Lamorthe aime le comique de répétition et n’hésite pas à utiliser plusieurs fois le même gag (cf. "Kong" et "La tour infernale"). La couverture donne le ton et indique au deuxième degré le point d’ancrage du personnage. La quarantaine de gags (toujours muets) se lit d’une traite, le sourire aux lèvres. Mais Chaponoir n’est pas que lubrique. Certaines planches (Action, Compassion, 20 ans) montrent la capacité de l’auteur à sortir du comique grivois. C’est sans doute là une des pistes à explorer pour que le burlesque se renouvelle.
(par Laurent Boileau)
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