Ces derniers sont furieux : « Nous sommes en colère écrivent le rédacteur en chef François Toulat-Brisson et le Directeur artistique Alain Béthune dans un communiqué. Comment ne pas l’être quand sont licenciés ceux qui n’ont jamais compté leurs efforts et leur temps pour respecter les lecteurs, malgré les bâtons dans les roues d’une direction maintenue dans son pouvoir de nuisance ? Forts du soutien de nombreux auteurs, nous ne comptons pas assister en silence à un nouveau « chien écrasé »... Nous tenons à Pif Gadget. Ce titre peut non seulement être sauvé, mais également faire l’objet d’un vrai développement. À condition d’être confié à des professionnels. »
Un surprenant Phénix
Relancé avec enthousiasme sous la forme d’un mensuel en juillet 2004, rencontrant la sympathie de milliers de nostalgiques, le mythique Pif Gadget, un titre jeunesse lié au Parti Communiste Français, avait créé la surprise. Mais la suite de l’aventure ressemble plutôt une longue descente aux enfers : perte des lecteurs (110 000 lecteurs perdus depuis le n°2, dont 25 000 sur le seul mois de janvier 2006, selon le même communiqué), réduction progressive de la pagination, congés payés non versés aux dessinateurs et aux scénaristes qui menacent d’arrêter de fournir, collaborateurs payés au lance-pierre, fournisseurs impayés acculés au dépôt de bilan, incohérences dans les plannings et dans la gestion,... Tout ceci a finalement conduit à la mise en redressement judiciaire de la société en avril avec la mise en place d’une période d’observation pour six mois et la nomination d’un administrateur-judiciaire.
« Incompétence, opacité, autoritarisme... »
Comment en est-on arrivé là ? Les cadres licenciés pointent « une incurie patente », un « dilettantisme dans la gestion », de la part d’un « directeur de la rédaction, M. Patrick Apel-Muller, salarié du quotidien L’Humanité en tant que « Rédacteur en chef exécutif » et « détaché » à Pif Éditions (dont il est cependant actionnaire...) ». En bref, selon le communiqué, le titre aurait été victime d’une « conjonction d’incompétence, d’opacité et d’autoritarisme ». Un certains nombre de questions sont posées par le communiqué et notamment celle de savoir comment M. Patrick Apel-Muller pourra redresser une entreprise alors que la majorité de son temps est consacrée au quotidien L’Humanité et que sa rédaction, suite aux licenciements, se trouve décapitée ? Les auteurs du communiqué ne voient pas dans les dernières décisions prises les conditions d’une quelconque « continuation de l’activité ».
Est-ce le signe d’une prochaine liquidation de la société et/ou d’une cession du titre ? C’est possible. L’avenir nous le dira.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Le Meilleur de Pif (Vents d’Ouest)
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